Le candidat d’En Marche à l’élection présidentielle s’appuie sur une équipe resserrée, issue pour une bonne part de son cabinet à Bercy.
Il faut aller au sixième étage du QG d’Emmanuel Macron pour trouver l’équipe resserrée du candidat (une quinzaine de personnes, en grande majorité des hommes), qui font tourner la machine à côté des élus ralliés comme Richard Ferrand, Renaud Dutreil, Gérard Collomb ou Corinne Lepage. Les membres de cette garde rapprochée apparaissent peu dans la lumière. Emmanuel Macron suscite auprès de ses troupes une admiration certaine. « Il est la principale raison pour laquelle on est là », confirme l’un d’entre eux. La plupart sont jeunes, parfois moins de trente ans. Beaucoup sont aussi des orphelins de Dominique Strauss-Kahn.
Fin 2015, début 2016, quand Emmanuel Macron était encore ministre de l’Economie, les plus proches ont participé aux premières réunions – « tenues nuitamment », précise l’un – visant à mettre sur orbite le mouvement du futur candidat, lancé en avril suivant. A l’époque, il n’était officiellement pas question d’une candidature à la présidentielle. Mais tout le monde y pensait, sans vraiment le dire. « Il était clair qu’on ne faisait pas ça pour témoigner », se souvient un participant. Les anciens de Bercy se retrouvent aujourd’hui au coeur de l’organigramme de campagne, dans le premier cercle d’un homme qui aime les multiplier.
Ismaël Emélien (29 ans)
C’est le conseiller stratégie, campagne et mouvement du candidat. Discret, il a connu Emmanuel Macron à la Fondation Jean Jaurès, peu avant la présidentielle de 2012. Ancien membre de l’équipe Strauss-Kahn pour la primaire socialiste de 2006 (il était alors encore étudiant), Ismaël Emelien est au coeur de la démarche du candidat depuis le tout début. Consulter les Français, repérer leurs priorités, leur laisser la parole, faire naître un vrai mouvement politique. S’emparer des nouvelles technologies de traitement de données pour analyser les résultats de la « grande marche » de l’été dernier. « Elle nous a permis d’établir un baromètre des préoccupations des Français, qui est en décalage avec les baromètres habituels », explique-t-il.
Julien Denormandie (36 ans)
Cet ancien directeur adjoint du cabinet d’Emmanuel Macron à Bercy, occupe le poste de secrétaire général adjoint d’En Marche. Il est ingénieur des Eaux et Forêts, titulaire d’un MBA en Economie. Avec Ismaël Emelien, il devait créer une start up avec Emmanuel Macron après son départ de l’Elysée, en avril 2014, mais la nomination de l’intéressé à Bercy, en août de la même année, a changé les plans. Il a rejoint En Marche au début de l’été 2016 pour mettre en place la structure. « Au début on était deux salariés. Avec seulement 10 mois d’existence, on est aujourd’hui plus de 55, avec aussi 400 experts, et 100 référents », explique-t-il.
Venu à la politique via la lutte contre le contrat première embauche (CPE) en 2006, est un ancien du cabinet de Jean-Paul Huchon à la région Ile-de-France. Il a été conseiller parlementaire d’Emmanuel Macron à Bercy. « Quand la loi Noé [Nouvelles opportunités économiques, NDLR] a été débranchée, Emmanuel Macron a considéré qu’il fallait créer une nouvelle organisation politique. Une structure qui pourrait porter un projet majoritaire », se souvient-il. Sa mission : collecter, avec le maire de Lyon, Gérard Collomb, les parrainages, mais aussi préparer les législatives et conseiller le candidat dans ses relations avec les élus et les politiques. Il se définit lui-même comme la « cabine téléphonique » d’Emmanuel Macron auprès des élus.
Jean-Marie Girier (32 ans)
Ce diplômé de Sciences politiques et de communication est encore adhérent au PS. Il a été le chef de cabinet du maire de Lyon, Gérard Collomb, pour qui il a créé le pôle des réformateurs au sein du PS. Il a rejoint l’équipe du candidat début 2016. Il apporte, comme il le dit lui-même, une « couleur locale » à l’équipe d’Emmanuel Macron. Pas de compte Twitter ni de présence sur Facebook, contacts rarissimes avec la presse… Jean-Marie Girier est un acteur de l’ombre. Il est pourtant un des grands ordonnateurs de la campagne, le seul à avoir l’expérience d’une présidentielle, après avoir participé à celle de François Hollande en 2012. « Autour d’Emmanuel Macron, beaucoup étaient issus de Bercy. Pour ma part, j’apporte un regard avec l’expérience de nombreuses campagnes électorales », précise-t-il. Jean-Marie Girier a la haute main sur l’agenda stratégique du candidat, proposant, par exemple, d’aller labourer les terres de gauche (Nevers, Clermont-Ferrand, Quimper, le Nord…), en janvier, pendant la primaire du PS.
Benjamin Griveaux (39 ans)
C’est le seul dans la garde rapprochée à avoir eu un mandat électif. Porte-parole, chargé de la riposte, il a rejoint Emmanuel Macron fin 2015 via Ismaël Emelien. Il participait aux premières réunions préparatoires. Diplômé de Sciences Po et d’HEC, ancien strauss-kahnien passé par le cabinet de Marisol Touraine, il a été vice-président du Conseil général de Saône-et-Loire et vice-président de l’agglomération de Châlons-sur-Saône. Il a aussi fait un passage dans le privé à Unibail. Par son biais, on apprend qu’Emmanuel Macron est un grand lecteur de la presse régionale, à laquelle il accorde un entretien à chaque déplacement.
Jean Pisani-Ferry (65 ans)
Il a intégré l’équipe d’Emmanuel Macron en janvier, après avoir conseillé le candidat depuis de nombreux mois. En charge du pôle idées, il coordonne le programme qui a été dévoilé début mars après le cadrage budgétaire. Ancien membre du cabinet de Dominique Strauss-Kahn à Bercy, ancien directeur du « think tank » Bruegel à Bruxelles, commissaire général de France Stratégie jusqu’au mois dernier, il est une recrue de choix pour le candidat.