Maintenant commencent les tractations de coulisses. L’élection présidentielle d’octobre 2018, qualifiée de consultation de tous les dangers, aura lieu alors que le Cameroun est en proie aux agressions extérieures tant à l’Est qu’au septentrion.
Le gouvernement Biya doit également faire face aux graves troubles internes. Ce qui nécessite « d’importantes charges de défense, de sécurité et reconstruction, explosant le budget qui y est consacré au détriment d’autres postes essentiels, comme la santé, l’éducation, les infrastructures, etc. », alors que la guerre camerouno-camerounaise réduit les sources de revenu de l’Etat, en déstabilisant les réseaux économiques.
La liste des candidats à cette élection a enfin été rendue publique. Maintenant commencent les tractations de coulisses. Certains sont connus. Comme Biya Paul. Eternel candidat à la présidence depuis le milieu des années 80 il est sans cesse réélu depuis sa nomination à ce poste en 1982. 14 janvier 1984, 24 avril 1988 ; 11 octobre 1992 ; 12 octobre 1997, 11 octobre 2004 ; 9 octobre 2011. Au total, 6 fois, il a alterné entre quinquennat et septennat. Il remonte une fois de plus au créneau dans
quelques mois, a l’âge canonique de 86 ans, pour solliciter les suffrages de ses compatriotes. Son parti le Rdpc compte 8921 élus dont 8685 conseillers municipaux ; 148 Députés ; 88 Sénateurs. Avec 303 maires, 748 maires adjoints. « Paul Biya a des élus présents dans 315 communes », souligne Elimbi Lobe qui a dressé les statistiques des candidats et le crédite d’un taux de présence sur les 360 communes pour 87,5%. Biya n’est absent que dans 45 communes.
Celui qui tient lieu de ‘petit poucet’ de cette présidentielle, inconnu du grand public il y a quelques mois, est également le plus jeune des candidats. Cabral Libii du parti Univers, est plus médiatique que politique. Le nombre de ses militants est confidentiel. En 2011, Cabral Libii et Richard Ma Mbeb Makon cosignent un manifeste avec quatre-vingts jeunes Bassa – Mpo’o- Bati contre l’élite politique du peuple Bassa. Ils regrettent alors « le recul, le refus, le manque de volonté, et/ou l’incapacité de [leurs] élites (ministres, députés, directeurs généraux, ambassadeurs,) à pouvoir rassembler leurs intelligences dans une dynamique de solidarité, capable d’exercer une magistrature d’influence, nécessaire pour la défense et la prise en compte des préoccupations et intérêts locaux à l’échiquier national ».
En 2015, au journal « Le Monde », Cabral Libii impute la responsabilité de la situation catastrophique du Cameroun au président Paul Biya. « Nous assistons aux dérives d’un groupe de vieillards ayant pris le pays en otage », dit-il. Il ajoutera par ailleurs que cette situation est «la conséquence de l’usure et d’une présidence qui n’a jamais eu de cap ». Il s’insurge également contre le Code électoral camerounais, code qui ne prive point Paul Biya d’une septième candidature à la magistrature, car dit-il, « la vérité, c’est qu’on en est à attendre que le système se désagrège tout seul ». En 2017, alors âgé de 37 ans, ce militant camerounais, qui jouit d’une forte popularité dans les réseaux sociaux, se positionne comme candidat à l’élection présidentielle camerounaise de 2018. Dans un communiqué, il lance la campagne “11 millions d’inscrits” en affirmant :
« des milliers de mes compatriotes m’ont appelé à présider à leurs destinées. Cet authentique « appel du peuple » m’honore. Je sens sur mes épaules la lourdeur de la responsabilité d’un élu des coeurs et de raison. Merci en toute humilité. Le triomphe électoral d’idées nouvelles sur lesquelles nous nous accorderons le moment venu et d’hommes nouveaux lors des échéances à venir, nous impose dès maintenant à tous, un profond engagement. L’objectif au 1er janvier 2018 est de disposer d’un corps électoral de 11 millions d’inscrits au moins. Mettons-nous donc au travail ». Il n’a pas pu faire inscrire 11 millions d’électeurs, mais cet insuccès ne l’a pas empêché de développer d’autres thèmes et de se porter candidat. L’Ouverture sur le Cameroun .Entre Biya et Cabral, on retrouve Joshua Osih, pas novice que cela, député de la nation, il est porté par le Sdf, officiellement deuxième parti du Cameroun, avec 826 conseillers municipaux ; 18 Députés ; 7 sénateurs soit 851 élus, dont 23 maires ; 79 adjoints présents dans 38 communes. Par rapport au président sortant, le taux de présence nationale du parti du candidat Osih est de 10,5%. Le Sdf est absent dans 322 communes. Si on s’en tient aux statistiques d’Elimbi Lobe, le Rdpc vaut 10,48 fois le sdf. Toutefois cette vérité statistique est à prendre avec des pincettes.
En 1992, le Sdf mené par son président, avait ‘battu’ le Rdpc de Paul Biya. Il est admis aujourd’hui que le président sortant l’avait remporté par un mystérieux coup de pouce que d’aucuns qualifièrent de fraude électorale. Moins que Joshua Osih, Kamto Maurice est présenté par ses militants et sympathisants comme ‘le véritable challenger du président Biya. Son Parti de création récente compte 19 conseillers municipaux, et 1 député. Commentaires de Elimbi Lobe, « au total : Kamto pèse 20 élus présents dans 5 communes à Douala et Bafoussam pour un taux de présence : 1,38% ».
Le reste ; c’est si l’on peut dire, du menu fretin, ou l’on retrouve tout de même Ndam Njoya avec l’Udc son parti qui compte 163 conseillers municipaux et 4 Députés pour 167 élus présents dans 7 communes avec 5 maires, 16 adjoints au maire. Garga Haman, 5 conseillers municipaux pour son parti L’Add, Akere Muna, Serge Espoir Matomba conseiller municipal et Ndifor Afanwi Franklin, Mouvement citoyen national du Cameroun (Mcnc) C’est le moins connu des candidats retenus par Elecam ce 7 août. Pasteur pentecôtiste, Franklin Afanwi Ndifor n’a lancé son parti qu’en début mai 2018, tout en annonçant son intention de briguer la magistrature suprême. Accusant les politiciens d’être responsables de la situation actuelle du Cameroun, il espère changer son pays. « C’est un mandat que Dieu m’a donné », a-t-il assuré, tout en déclarant vouloir lutter contre la corruption.