Par crainte de représailles contre elle et sa famille, elle a attendu d’être en sécurité à New York où elle est désormais réfugiée pour annoncer sa démission. Roselyn Akombe, une des sept membres de l’IEBC, la commission électorale kényane a décidé de se retirer de l’instance chargée d’organiser la présidentielle «Bis». L’image de l’IEBC, déjà écornée par l’invalidation par la Cour suprême du premier scrutin qu’elle a organisé, est dans l’embarras. Elle est accusée cette fois-ci de partialité.
Coup de grâce au reste du quotient de crédibilité de l’IEBC, la commission électorale kényane. Roselyn Akombe, une des sept membres de l’instance chargée de la bonne tenue des scrutins au Kenya, a remis sa démission à la surprise générale, ce mercredi 18 octobre.
Un «exil» à New York pour libérer une parole sévère
La jeune femme de 41 ans a eu des mots très durs à l’encontre de ses collègues. Elle remet en doute l’impartialité de ses six désormais ex-collaborateurs. A toutes les réunions du secrétariat exécutif, ces derniers voteraient les décisions de l’IEBC sur une base partisane, en dehors de toute exigence d’impartialité qui prévaut à leur mission.
Roselyn Akombe a pris ses précautions avant de tenir de tels propos. Par crainte pour sa vie et pour éviter des représailles contre sa famille, elle s’est réfugiée à New York où elle avait occupé le poste de sous-secrétaire des Nations-Unies et de conseillère politique du Secrétaire général.
C’est la deuxième fois que Roselyn Akombe tente de fuir le Kenya. Le 15 août dernier, elle avait embarqué à l’aéroport international Jomo Kenyatta de Nairobi à destination de New York. Mais elle avait été extirpée de l’appareil par des policiers et n’a été libérée que sur intervention de l’Ambassade des Etats-Unis dont elle détient également la nationalité.
Depuis son lieu d’«exil», Roselyn Akombe a publié un communiqué incendiaire remettant en cause la crédibilité de la Commission à organiser la présidentielle du 26 octobre.
«Il faut que la commission fasse preuve de courage et affirme que l’élection telle qu’elle est prévue ne répond pas aux attentes d’un scrutin crédible», a assené Roselyn Akombe.
«Je ne veux pas faire partie d’une telle parodie de démocratie», a commenté la jeune femme dans son communiqué.
Une démocratie à l’épreuve du sablier
Membre au sein de l’IEBC, les révélations qu’elle pourrait faire dans les prochains jours risquent d’être explosives. Roselyn Akombe devrait apporter des éclairages sur la mort étrange de Chris Msando, le directeur informatique de la commission, torturé puis assassiné à la veille de la première présidentielle. Elle devrait aussi pouvoir édifier l’opinion kényane sur les manœuvres supposées de l’IEBC lors de l’organisation de la présidentielle du 8 août dernier, avant sa caducité prononcée par la Cour suprême.
En plus de cette perspective qui fait trembler jusque dans les murs du State House, la démission-surprise de Roselyn Akombe vient-elle de ruiner définitivement la crédibilité de l’IEBC ? En tout cas, ses propos autant que sa fuite aux Etats-Unis apportent de l’eau au moulin de l’opposition dont une partie réclame le renouvellement de l’IEBC. Raila Odinga, son chef de file qui boycotte l’élection du 26 octobre, se voit confirmer dans ses doutes et ses réserves.
La mule de la Commission électorale se voit ainsi plus chargée que jamais. Déjà réprimandée par la Cour suprême pour des «irrégularités et des illégalités» qui ont conduit à l’invalidation du scrutin du 8 août, acculée sous les cris d’orfraie de l’opposition, l’IEBC vient de démontrer son incapacité à organiser une élection sans faire planer un nuage de contestations.
A huit jours du remake électoral, le doute est permis. Aujourd’hui plus que jamais, la question de sa restructuration est posée. Cette fois-ci, c’est le courage de faire progresser la démocratie qui va devoir livrer bataille contre le sablier.
Avec latribuneafrique