Pour son entourage, deux urgences semblent guider le choix de Madické Niang de se porter candidat à la présidentielle du 24 février 2019. D’un côté, le temps presse pour cet avocat de 65 ans, plusieurs fois ministre sous Wade, de réunir, comme l’impose une loi, entre 0,8 et 1% de signatures d’électeurs régulièrement inscrit sur les listes électorales, soit entre 52 000 et 68 000 signatures.
D’un autre côté, dans les rangs du Parti Démocratique Sénégalais(PDS), la décision d’Abdoulaye Wade, le fondateur, de n’envisager aucune autre candidature que celle de son fils Karim. Or le fils de Wade, autrefois « ministre du Ciel et de la Terre », condamné pour enrichissement illicite malgré une grâce, rayé des listes électorales, ne semblait plus être qu’un candidat fictif de ce parti libéral éjecté du palais en 2012 après une décennie de pouvoir.
Et pourtant, au-delà de ces deux justificatifs que les partisans de l’ancien chef de la diplomatie sénégalaise (2009-2012) avance, l’annonce de la candidature de Madické Niang prend les allures d’un dribble politique répété de longue date sur le terrain de l’absence de Karim Wade, l’exilé au Qatar. Pendant des mois, au rythme des rumeurs et des messes basses parfois orchestrées par ses partisans, l’avocat a feint de ne pas être intéressé par le costume de présidentiable au sein de son propre parti.
Témérité politique, risques et périls
Mieux ou pire, c’est selon, la robe noire a laissé longuement des personnes de son entourage lancer l’idée en ballon de sonde pour tester non seulement sa popularité mais pour préparer les esprits à l’annonce de son entrée en lice, ébruitée par voie de communiqué. Cette initiative d’une candidature de substitution au sein du PDS avait même provoqué l’ire de « Gorgui» (« Le Vieux » en wolof) qui s’était fendue d’une lettre ouverte au vitriol dans les médias locaux. Un échange épistolaire entre Abdoualaye Wade et Madické Niang avait fait croire que le différend s’était tassé.
Avec la nouvelle de l’annonce de sa candidature, Madické Niang entérine schisme dans le parti libéral. D’un côté, l’aile radicale, prise de loyauté envers Wade père, soutient la candidature de Karim et espère lever l’opprobre judiciaire par une pression de la rue. De l’autre, les « pragmatiques» pensent, sans le dire ouvertement, à un plan B pour éviter au PDS d’être rayé de l’échiquier politique notamment avec la montée de nouvelles figures et l’épidémie de transhumance des tauliers des partis.
Entre les deux ailes, Madické Niang s’est posé comme le trait d’union. « J’ai toujours pensé que face à l’éventualité d’une invalidation de la candidature de Karim Wade, il était nécessaire d’envisager une solution alternative, comme l’ont déjà fait de grandes formations politiques dans d’autres pays», justifie l’ancien ministre de la Justice dans son communiqué.
Pour autant, sa témérité politique risque de lui porter préjudice. Les analystes lui prédisent déjà une exclusion du parti bleu et jaune. Un extrême qui porterait déjà en lui, les germes du début d’une implosion du parti éjecté du pouvoir en 2012. Mais avec une ambition assumée malgré sa retenue d’ermite, l’avocat pourrait aussi tenter l’aventure d’une candidature sans étiquette ou alors créer un nouveau parti. A ses risques et périls !
Source : La Tribune Afrique