Le président de la banque africaine de développement (BAD), Akinwumi Adesina (photo), a estimé que le ralentissement des économies africaines devrait durer environ 3 années supplémentaires, tout en recommandant aux Etats de limiter le recours au marché international de la dette et d’améliorer la collecte des recettes fiscales. «L’Afrique est confrontée au défi de la hausse de sa dette plutôt qu’à une crise», a-t-il déclaré dans un entretien publié le 30 août sur les colonnes du quotidien financier britannique Financial Times.
La croissance de la plupart des économies africaines a ralenti suite à la chute des cours des matières premières et à la baisse du régime de l’économie chinoise. L’Afrique subsaharienne devrait enregistrer une croissance de 1,6 % en 2016 contre 3,5% en 2105 et une moyenne de 5 à 7 % par an cours de la dernière décennie, selon les projections du Fonds monétaire international (FMI).
De nombreux pays de la région sont déjà aux prises avec une forte diminution des revenus, une augmentation de la dette publique et un important creusement du déficit budgétaire. Au regard de ces vents contraires, M. Adesina a appelé les Etats africains à limiter leurs recours au marché international de la dette.
«Au lieu d’émettre des eurobonds, je pense que les Etats peuvent exploiter les énormes quantités de capitaux disponibles localement pour financer le développement de l’Afrique», a-t-il souligné, notant que les fonds de pension africains disposent de 334 milliards de dollars d’actifs sous gestion alors que les fonds souverains gèrent 164 milliards.
Les Etats d’Afrique subsaharienne ont émis des eurobonds d’un montant cumulé record de 12 milliards de dollars l’an passé contre 26,5 milliards entre 2006 et 2014, selon les données de la BAD. Mais la dépréciation de nombreuses monnaies africaines par rapport aux devises fortes a entraîné une envolée des coûts de service de la dette.
Le président de la BAD a d’autre part recommandé aux Etats africains d’améliorer la collecte des recettes fiscales pour améliorer la situation des finances publiques.
«En Afrique subsaharienne, le ratio impôts-PIB est d’environ 14,5% contre plus de 30% dans les pays les plus développés. Donc, beaucoup reste à faire pour élargir l’assiette fiscale en Afrique», a-t-il dit.
Avec Agence Ecofin