(BANQUE AFRICAINE DE DEVELOPPEMENT) – Le Président du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD / FAD) Akinwumi Adesina se trouve au Maroc à l’occasion du 19ème anniversaire de l’ascension au trône, du roi Mohammed VI, au palais de Marchane à Tanger en présence de nombreuses personnalités parmi lesquelles l’ex-premier ministre espagnol José Luis Rodríguez Zapatero.
Il profitera de cette visite pour se rendre sur le site de la station d’interconnexion électrique de Mellousa près de Tanger, qui constitue la première et unique connexion électrique entre l’Afrique, l’Europe et le Maghreb.
Au bord de l’Atlantique, la mythique Tanger est aux portes de l’Europe. Seuls les 14 km du détroit de Gibraltar la séparent des côtes espagnoles. Non loin de Tanger, nichée dans cette région escarpée de l’extrémité nord du pays et faisant face à l’Espagne, la station d’interconnexion électrique de Mellousa assure à elle seule 15 % de la production nationale d’électricité du Maroc.
La connexion à l’Espagne, par un câble sous-marin de 27 km et d’une capacité 1400 KW, a ainsi permis d’améliorer la qualité de la fourniture d’électricité. De fait, l’interconnexion électrique avec l’Espagne, initiée par une première ligne en 1997, renforcée par de nouveaux câbles en 2006 pour doper la capacité de transit (passée de 700 MW à 1400 MW), et bientôt dotée d’une troisième ligne de 700 MW, contribue à la stabilité de la fréquence et de la tension du réseau marocain. Elle est aussi emblématique de la volonté du Maroc de réduire la part énergies fossiles dans la production d’électricité.
Acteur de cette grande première, l’interconnexion sous-marine entre deux continents, le Maroc est aussi au cœur de l’interconnexion maghrébine en matière d’énergie électrique. Les réseaux marocain, algérien et tunisien sont en fait interconnectés depuis 1988. Et, en juin 2010, le Maroc, la Tunisie et l’Algérie ont adopté un plan d’action pour la période 2010-2015, affichant leur volonté commune de créer un marché maghrébin de l’électricité. En vue d’une intégration au marché européen. Depuis 2010, une troisième liaison reliant l’Algérie au Maroc a permis au Royaume de bénéficier d’une interconnexion portée à 400 KV – une performance toutefois marginale, largement en deçà du potentiel de partenariat énergétique entre les deux pays.
Ainsi, le 3 décembre 2009, la BAD approuvait un prêt de 109,82 millions d’euros au profit de l’Office nationale de l’électricité et de son projet de développement du réseau de transport et de répartition de l’électricité (PDRTRE).
L’objectif de ce PDRTRE, cofinancé par l’AFD, la BEI et la BM est d’optimiser la qualité des services fournis à l’ensemble des abonnés domestiques et industriels de l’ONE et aux régies de distribution. Mais aussi, d’améliorer et sécuriser l’alimentation en électricité et la fiabilité du réseau à travers l’accroissement de la capacité de transit des lignes. Ce projet facilitera ainsi le parachèvement du Programme d’électrification rurale globale (PERG).
En effet, la forte croissance de la demande en électricité (6 à 8 % par an, en moyenne) et l’extension des réseaux pour desservir l’ensemble du territoire national ont entrainé une saturation du réseau de transport électrique, entraînant, notamment, des chutes de tension.
Enfin, le PDRTRE vise à réduire les pertes d’énergie entre les sites de production et le réseau de distribution (abaissées à 3,5 % à la fin du projet, contre 4,7 % en 2008), ce qui permettra également d’éviter le rejet de 183 000 t/an d’émission de CO2.
La participation de la Banque au financement du PDRTRE s’inscrit dans la continuité de ses interventions en faveur du secteur de l’énergie au Maroc.
Le groupe de la Banque africaine de développement est présent depuis 1970 au Maroc. Le tout premier projet qu’il a financé dans le royaume, en 1978, portait sur le secteur de l’eau potable et de l’assainissement. Entre 1978 et la fin 2017, ce sont plus de 160 opérations dans différents secteurs qui ont été approuvées par la Banque, pour un total de 10 milliards de dollars EU.
En poursuivant ses cinq grandes priorités, dites High 5, que sont « Nourrir l’Afrique » ; « Eclairer l’Afrique » ; « Industrialiser l’Afrique » ; « Intégrer l’Afrique » et « Améliorer la qualité de vie des Africains », la Banque soutient le Maroc en contribuant à asseoir les conditions d’une croissance forte, durable et inclusive.
Au mois de septembre 2017, le portefeuille actif de la Banque compte 31 programmes et projets, représentant près de 2,8 milliards de dollars EU d’engagements répartis dans les secteurs de l’agriculture (11 %) ; des transports (22,4 %), de l’énergie (33,8 %), de l’eau et de l’assainissement (15,9 %) ; du développement social (5,4 %) ; et des autres opérations multisectorielles (11,6 %).