L’Union africaine (UA), réunie en sommet, tourne la page Kagame et ouvre un chapitre égyptien. Le président rwandais cède, ce dimanche 10 février, la direction tournante de l’Union africaine à son homologue égyptien. Le 32e sommet de l’Union africaine s’est ouvert à Addis-Abeba avec le traditionnel discours du président de la Commission de l’Union africaine.
Avec notre envoyée spéciale à Addis-Abeba, Léa-Lisa Westerhoff
C’est un discours en forme d’encouragement aux Etats africains à poursuivre sur la voie du multilatéralisme. D’emblée, Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’UA, est revenu sur les crises qui secouent le continent africain.
Il est revenu d’abord sur l’une des plus anciennes, le Sahara occidental, mais aussi sur la Centrafrique. Deux exemples pour lesquels l’Union africaine « a un rôle à jouer », a martelé Moussa Faki. Il a ainsi salué l’accord de paix sur la Centrafrique signé, cette semaine, à Khartoum sous la présidence soudanaise. Il a aussi annoncé la tenue d’une réunion sur le Sahara occidental, à Addis-Abeba, prévue mardi.
Le « salut » dans le multilatéralisme
A l’heure où le multilatéralisme subit des coups de boutoir sans précédent, « c’est là qu’est notre salut », a insisté Moussa Faki Mahamat dans ce discours.
Etait-ce un message au nouveau président qui doit prendre la tête de l’Union africaine ce dimanche, l’Egyptien Abdel Fattah al-Sissi ? Peut-être car beaucoup ici craignent que cette présidence égyptienne ne marque un coup d’arrêt aux multiples réformes initiées par le Rwandais Paul Kagame comme par exemple les taxes sur les importations ou encore des commissaires nommés par le président de la Commission… Ces réformes ont fait parfois grincer des dents les poids lourds du continent, comme l’Egypte.
Manque deux ratifications pour la zone de libre-échange
Ce dimanche matin en tout cas, à huis clos, les chefs de l’Etat ont débattu une nouvelle fois de la mise en place d’une zone de libre-échange sur le continent. Ils ont fait le compte des ratifications, une vingtaine. Il en manque deux encore pour que ce projet entre en vigueur mais le président égyptien s’est d’ores et déjà engagé à le poursuivre.
Un sujet, également, sur lequel le président du Niger, Mahamadou Issoufou, s’est dit particulièrement confiant.
« On a fait le point, d’abord, sur le protocole de la libéralisation des marchandises, sur la libéralisation des services et le traitement des différends. Ensuite, sur la phase deux qui concerne la concurrence, les investissements et les questions de propriété intellectuelle. Enfin, on a fait le point des signatures et des ratifications. Nous avons une vingtaine de ratifications, il ne nous manque que quelques ratifications pour que l’accord puisse entrer en vigueur », a spécifié le président nigérien, Mahamadou Issoufou.
Inauguration d’une statue
Ce 32e sommet a aussi été l’occasion d’inaugurer la statue de l’ancien empereur d’Ethiopie, Haïlé Sélassié Ier. Considéré comme l’un des pères fondateurs de l’Union africaine puisque c’est à son initiative que le siège de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), à l’époque, a été installé à Addis-Abeba.
Cette statue était une demande de longue date des Ethiopiens. L’ex-Premier ministre, Meles Zenawi, s’y était longtemps opposé qualifiant Haïlé Sélassié d’empereur féodal. Aujourd’hui, c’est fait. Cette statue a été dévoilée, debout, devant l’entrée principale. Elle accompagne désormais l’effigie de l’autre père fondateur de l’UA, le Ghanéen Kwame Nkrumah.
Avec RFI