Les formes sont respectées. Dans les faits, selon le principe de l’extraterritorialité, l’Ambassade du Gabon à Rabat est un prolongement du territoire gabonais sur le sol marocain. C’est dans l’enceinte de la représentation diplomatique gabonaise que les membres de la Cour constitutionnelle de Marie-Madeleine Mborantsuo vont recueillir la prestation de serment de Rose Christiane Ossouka Raponda, la nouvelle ministre de la Défense, devant Ali Bongo Ondimba. Ce dernier est toujours en convalescence au Maroc.
Pour résumer, les commentateurs évoquent un nouveau symbole de la présidence à distance. Ce mardi 12 février, lors d’une cérémonie protocolaire dans l’enceinte de l’ambassade du Gabon à Rabat, la capitale marocaine, Rose Christiane Ossouka Raponda, la nouvelle ministre de la Défense va prononcer un serment solennel devant Ali Bongo, le chef de l’Etat gabonais, toujours en convalescence au Maroc pour ses séances de rééducation après son AVC du 24 octobre 2018.
Cérémonie solennelle à Rabat devant Ali Bongo
Dans le détail, le déroulé de la cérémonie ne devrait pas être différent de la cérémonie du 15 janvier dernier à la salle des fêtes du Palais du bord de mer à Libreville, lorsque les 37 membres du gouvernement sont passés tour à tour pour prononcer le serment constitutionnel devant Ali Bongo en fauteuil roulant, revenu temporairement au bercail pour la circonstance. Dans le cas de Rose Christiane Ossouka Raponda, c’est le chemin inverse.
Arrivée à Rabat dans la nuit du lundi 11 au mardi 12 février à bord d’un avion affrété par l’Etat gabonais, son serment devrait être recueilli par les membres de la Cour constitutionnelle de Marie-Madeleine Mborantsuo qui l’accompagnent. Devant Ali Bongo, elle va jurer de remplir toutes les exigences de son poste de ministre de la Défense, selon la règle et la formule consacrée de la nouvelle constitution. Le serment sera ensuite enregistré par la Cour qui va le déclarer conforme.
Présidence à distance en attendant le rétablissement d’Ali Bongo
Le 30 janvier dernier, un léger réaménagement du gouvernement a valu une éjection à Étienne Massard Kabinga Makaga du portefeuille de la Défense. Frère ennemi de Brice Laccruche Alihanga, l’influent directeur de cabinet du président, le désormais ex-ministre a fait les frais de la lutte intestine des clans dans l’entourage présidentiel. Sa gestion du coup d’Etat manqué du 7 janvier, le plus bref au monde, a précipité son éviction au profit de Rose Christiane Ossouka Raponda.
L’histoire politique du Gabon se souviendra d’elle comme la première femme à occuper le poste de maire de Libreville où elle a été élue en 2014. Ancienne ministre du Budget, cette ancienne cadre de la Banque de l’Habitat du Gabon, spécialiste de la finance, qui prête serment ce 12 février, va s’immerger dans le bain du secteur très stratégique de la Défense.
Dans les formes, la cérémonie de prestation révère la légalité. Selon le principe de l’extraterritorialité, l’enceinte de la représentation diplomatique gabonaise au Maroc est un prolongement du Gabon hors de ses frontières. Cependant à Libreville, c’est sur le déplacement du centre du pouvoir gabonais à Rabat que l’on s’interroge. Ce mode de gestion des affaires urgentes et des exigences constitutionnelles va-t-il perdurer encore longtemps en attendant le retour toujours annoncé mais pas encore effectif du patient présidentiel? Pour l’heure, la réponse est affirmative jusqu’au rétablissement complet d’Ali Bongo.
Avec la tribune afrique