Situé au cœur de l’Himalaya oriental, le Sikkim est l’un des plus petits États de l’Inde. Récemment, son gouvernement annoncé un plan pour le moins ambitieux : instaurer un revenu de base pour chacun de ses plus de 610 000 administrés. Lumière sur cette initiative d’une envergure sans précédent.
LA PLUS GRANDE EXPÉRIENCE DE REVENU DE BASE DE L’HISTOIRE
Revenu régulier garanti à l’ensemble des citoyens, le revenu de base est financé universellement et inconditionnellement par le gouvernement et vise à remplacer la gamme de prestations sociales souvent confuses offertes par les États. En cas de succès, le vaste programme mis en place au Sikkimpermettrait non seulement de réduire la pauvreté, mais également de relever le défi de l’automatisation des tâches selon ses partisans. Par le passé, le Sikkim s’était déjà illustré en devenant le premier État du pays à fournir un logement à tous ses citoyens, et à bannir les pesticides et engrais chimiques de son sol.
De par sa taille restreinte et sa faible densité de population, la région du Sikkim se distingue également du reste de l’Inde sur le plan des indices sociaux. Celle-ci disposant d’un taux d’alphabétisation de 98 %, et d’un pourcentage de personnes vivant sous le seuil de pauvreté de seulement 8 %, contre près de 30 % dans le reste du pays. Ce n’est donc pas un hasard si elle a été choisie pour l’instauration expérimentale d’un revenu de base à grande échelle. Comme l’a précisé P.D Rai, unique membre du Parlement indien de l’État : « S’il y avait une chance que cela se produise quelque part, c’était bien à Sikkim ».
Afin de financer ce revenu de base bénéficiant à des centaines de milliers de personnes, il est prévu que les secteurs du tourisme (source majeure de revenus dans cette zone avec plus de 2,5 millions de visiteurs chaque année) et de l’énergie (le Sikkim exporte près de 90 % de son énergie hydroélectrique) soient mis à contribution. À l’heure actuelle, le gouvernement indien tient des réunions avec des experts et des parties prenantes afin d’établir la marche à suivre. Le pays prévoit de déployer ce dispositif d’ici 2022, qui pourrait à terme résoudre le problème des centaines de programmes de sécurité sociale du pays, jugés coûteux et globalement inefficaces.
Ces dernières années, plusieurs expériences similaires ont été menées à plus petite échelle ailleurs dans le monde, avec un succès limité. Mais nombreux sont les économistes qui soutiennent ce type de projets. Comme l’a expliqué Pranab Bardhan, de l’Université de Californie à Berkeley : « Dans les pays développés, l’objectif principal est de restructurer ou d’économiser les régimes d’aide sociale existants. Dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, comme l’Inde, la raison sera différente, il s’agira de s’attaquer à l’insécurité économique d’une plus grande partie de la population, et non seulement des plus pauvres, tout cela sans toucher aux mesures anti-pauvreté existantes ».
Avec wikistrike