Avec la technique controversée du “remplacement mitochondrial”, aussi appelée “fécondation in vitro à trois parents”, un médecin américain a permis la naissance d’un bébé parfaitement sain alors que sa mère est porteuse d’une maladie mortelle.
C’est une première mondiale: le premier bébé avec “trois parents” est né. Abrahim Hassan, un petit garçon de cinq mois, a profité d’une technique révolutionnaire permettant l’utilisation de l’ADN de trois personnes: celui du père et de la mère biologiques, mais aussi d’une “donneuse”, rapporte le site spécialisé New Scientist.
“C’est une excellente nouvelle”, s’est félicité Dusko Ilic, un professeur au King’s College de Londres qui a participé à cette prouesse technique. Cette méthode dite du “remplacement mitochondrial” permet à des parents souffrant d’une maladie génétique rare d’avoir des enfants immunisés.
“Transfert de noyau”
C’est ce que cherchaient à tout prix Ibtisam Shaban et Mahmoud Hassan, les parents jordaniens du nouveau-né. La mère est en effet porteuse saine du syndrome de Leigh. Cette maladie, liée à un dysfonctionnement des mitochondries -de minuscules usines à énergie présentes au coeur des cellules- empêche le bon développement du système nerveux. Ce qui a provoqué la mort de ses deux premiers enfants, alors âgés de 6 ans et 8 mois.
Les deux parents ont fait appel à l’équipe de médecins américains dirigée par John Zang, le président du Centre de fertilité “New Hope” de New York. Une clinique qui a des antennes en Chine, en Russie et au Mexique. Ils ont ensuite effectué une fécondation in vitro faisant appel à la technique de “transfert du noyau”, qui permet de ne pas transmettre à l’enfant l’ADN des mitochondries “malades”.
Concrètement, l’équipe du docteur Zhang a utilisé trois gamètes: un ovule de la mère, un spermatozoïde du père et un autre ovule d’une deuxième femme, qui n’est pas porteuse d’une maladie génétique. Les médecins ont d’abord extrait le noyau porteur de l’ADN d’un des ovules de la mère. Noyau. Ils ont ensuite inséré le noyau de la mère dans l’ovule de la donneuse, dont le noyau avait été préalablement ôté.
Le nouvel ensemble, disposant de mitochondries saines, a été fécondé in vitro avec un spermatozoïde du père. Résultat: l’embryon engendré était porteur de l’ADN nucléaire des deux parents et de l’ADN mitochondrial de la donneuse, indique Le Monde.
Une technique controversée
Sur les cinq embryons créés avec cette technique, seul un a pu être réimplanté chez la mère, continue New Scientist. La grossesse s’est ensuite déroulée normalement, tout comme l’accouchement. L’enfant est aujourd’hui en parfaite santé.
Interdite aux États-Unis, l’opération -dont le prix n’a pas été communiqué- a été réalisée au Mexique, où “il n’y a pas de réglementation”, selon John Zang. Controversée, la méthode également appelée fécondation in vitro “à trois parents” n’est pour l’instant légale qu’au Royaume-Uni, dans une variante de la méthodologie utilisée au Mexique.
avec lexpress