L’instauration du droit à la déconnexion n’empêche pas un tiers des actifs (33,5%) de rester connectés avec leur entreprise durant leurs congés d’été. Cette tendance est plus forte chez les cadres et les moins de 40 ans, en raison d’un sentiment de « culpabilité » plus marqué.
Dans les faits, tous les salariés ne profitent pas du droit à la déconnexion. Depuis son entrée en vigueur avec la loi du 8 août 2016, dite « loi Travail », ils sont encore un tiers des actifs à continuer de se connecter pour travailler durant leurs vacances. A contrario, une majorité des actifs occupés ne se connectent pas au travail pendant leurs vacances d’été (66,5%) et 21,4% refusent même de se connecter par principe, selon une étude du cabinet Eléas, réalisée auprès de 1199 personnes actives.
Le poids des responsabilités et les desseins de carrière en cause
« On peut supposer que le poids des responsabilités et les desseins de carrière (pour les plus jeunes) incitent à rester connecté au travail et ses enjeux, qui eux ne s’arrêtent pas avec les mois d’été » souligne Xavier Alas Luquetas, président d’Eléas.
Ce sentiment de culpabilité varie selon l’âge et la position de l’actif dans la hiérarchie de l’entreprise. « L’envie, la curiosité et la solidarité avec le collectif de travail sont en revanche, des vecteurs de connexion davantage évoqués par les employés et les professions intermédiaires » expliquent les auteurs de l’étude.
Les « obligations professionnelles » (31,1%) et « l’anticipation d’une charge de travail importante au retour des vacances » (26,1%) sont les deux principales raisons évoquées pour rester connecté, plus fréquemment observées néanmoins chez les cadres.
Parallèlement, la connexion au travail pendant les vacances semble en voie de « normalisation » et d' »acceptation » par l’entourage des personnes actives concernées. Ils sont 50,1% des actifs occupés qui se sont connectés à déclarer n’avoir pas connu de « tensions » avec leur entourage lors de leurs connexions pendant que 18,1% sont restés « prudents » en restant « discrets », alors que 28,7% ont essuyé des remarques de leur entourage.
Les « contraintes » familiales sont des sources de tension
Les tensions familiales sont plus fréquentes chez les employés (36,3%), chez les ménages avec trois enfants et plus, et chez les moins de 30 ans. Dans le premier cas, « on peut supposer », estiment les auteurs, « que le statut rend illégitime un engagement trop fort dans le travail », symbolisé par le fait de se connecter au travail pendant les congés.
Dans le deuxième cas, « le poids des contraintes » familiales prime certainement sur le temps libéré pour travailler, et dans le troisième cas, « la mise à distance du monde de l’entreprise dont témoignent les jeunes générations peut rendre incompréhensible pour l’entourage l’engagement trop fort de ceux qui ne déconnectent pas du travail pendant leurs vacances ».
« Le cadre légal s’appuie sur une tendance culturelle de fond témoignant de l’aspiration d’une société à mieux concilier vie personnelle et vie professionnelle. Les entreprises doivent apprendre à anticiper cette évolution et trouver les modalités qui permettront de réguler les conséquences de l’utilisation massive d’un droit à la déconnexion » concluent les auteurs de l’étude.
Avec bfmbusiness