L’hiver est bien là, et avec lui le risque d’attraper rhume et grippe. Doit-on vraiment en vouloir aux basses températures si l’on reste cloué au lit pendant plusieurs jours ?
“Pour plusieurs, l’arrivée du froid d’octobre et de novembre est synonyme de rhume et de grippe. En réalité, existe-t-il réellement un lien de cause à effet entre les basses températures et la susceptibilité d’être infecté par les virus de la grippe ou d’autres maladies infectieuses ?” nous a demandé en novembre 2017 Nicolas Dufour sur la page Facebook de Sciences et Avenir. Chaque semaine, nous sélectionnons une question de lecteur à laquelle nous apportons une réponse. Un grand merci pour votre curiosité.
La grippe tue chaque année, surtout en hiver dans les pays tempérés (et au début des saisons humides dans les pays tropicaux). En France, la saison 2016-2017 a été particulièrement meurtrière, puisque la surmortalité hivernale (le nombre de décès excédentaires survenant chaque année en hiver) a été estimée à 21.000 décès. Le froid en est-il responsable ? Oui mais pas seulement, détaillait en 2009 un rapport de l’Institut national de veille sanitaire sur la physiologie du froid.
“Pour respirer correctement en hiver, notre organisme réchauffe l’air froid avant qu’il n’atteigne les alvéoles de nos poumons : les muqueuses nasales transfèrent à cet air de l’eau à environ 35°C”, nous explique Bruno Lina, responsable du laboratoire de virologie du CHU de Lyon. D’où le fameux “nez qui coule”, si caractéristique des mois de décembre-janvier. Ce transfert de chaleur permet d’humidifier l’air, mais assèche et refroidit le mucus du nez, barrière naturelle contre virus et bactéries. Un changement qui permet à ces intrus de pénétrer plus facilement dans notre organisme. De plus, le froid nous “rend fragiles”. Les cellules immunitaires, comme les globules blancs, mettent plus de temps à réagir lorsqu’un virus entre dans notre corps. Les cils qui nettoient régulièrement nos bronches fonctionnent aussi au ralenti. D’où l’augmentation du risque de rhume et bronchite.
De surcroît, les rhinovirus, responsables des rhumes, et les influenza adorent le froid (autour des 4°C en particulier). Car il augmente leur durée de vie quand ils doivent survivre seuls dehors, sans hôte à infecter. Leur coque protectrice est d’autant plus résistante que l’air est froid et le peu d’ensoleillement de l’hiver limite leur exposition aux rayons ultraviolets, qui les dégradent naturellement. “Les études de transmissibilité des virus influenza, à l’origine de la grippe, ont montré chez l’animal que le froid modérément sec – et la chaleur humide dans les pays tropicaux – étaient les conditions favorisant l’infection et la transmission des virus, ajoute le spécialiste. De plus, une étude récente a montré que le maintien de plus d’une semaine de froid sec au cours de l’hiver était souvent l’élément déclenchant de l’épidémie de grippe.”
Sans compter qu’en hiver, on a tendance à moins ouvrir les fenêtres. Or se concentrer dans des espaces confinés peu ventilés augmente le risque de se transmettre des virus par voie aérienne (grippe, bronchite, angine…).
COEUR. La surmortalité de l’hiver est aussi due à une hausse des maladies cardiovasculaires : quand il fait froid, les vaisseaux sanguins se contractent pour limiter les pertes de chaleur de l’organisme, ce qui augmente la pression sanguine et soumet le cœur à davantage d’efforts. Malheureusement, en hiver, l’on a tendance à moins faire d’activité physique, pratique excellente pour le coeur.
Avec sciencesetavenir