La Banque mondiale alerte dans un rapport sur les conséquences de la pollution sur la santé et l’économie, qui touchent surtout les pays en développement. En 2013, un décès sur dix était dû à la pollution.
La pollution atmosphérique représente un risque majeur pour la santé. Elle est la cause de nombreuses maladies comme les cancers du poumon, les accidents cardiaques, les insuffisances pulmonaires ou encore les bronchites chroniques… En 2013, rapporte la Banque mondiale, 5,5 millions de décès sont survenus à cause de la pollution, soit un décès sur 10. Il s’agit de la quatrième cause de mortalité, derrière les maladies métaboliques (diabète, hypertension…), les risques liés à l’alimentation et le tabac.
Ces pertes en vies humaines sont aussi synonymes de manque à gagner pour l’économie et de frein au développement. Le rapport évalue les pertes en revenus du travail à 225 miliards de dollars. Elles ont progressé de presque 40% depuis 1990. «Lorsque des personnes en âge de travailler meurent prématurément, cela réduit la capacité productive du pays», précise l’organisation internationale. La mauvaise qualité de l’air, les émissions polluantes, touchent toutes les classes d’âge.
Le coût économique ne se limite pas aux revenus du travail. Plus largement, la Banque chiffre les pertes en «bien-être» – c’est à dire le surplus de dépenses médicales engendrées, la baisse des revenus en raison des arrêts maladie, qui implique moins de pouvoir d’achat et de consommation… – à 5110 milliards de dollars. L’Asie de l’Est, qui comprend la Chine, et du Sud, qui inclue l’Inde, est particulièrement exposée. Ces pertes en bien-être représentent dans ces régions 7,5% du PIB.
Neuf victimes sur dix dans les pays du Sud
Globalement, les pays en développement sont parmi les plus touchés. La pollution est à la fois très sévère dans les villes et mégalopoles qui connaissent une urbanisation rapide – c’est particulièrement le cas dans les économies émergentes – mais aussi dans les zones rurales. En particulier dans les campagnes où les habitants brûlent le bois et le charbon pour se chauffer et se nourrir. En 2013, 93% des personnes victimes de la pollution se situaient dans ces pays. L’exposition des enfants âgés de moins de 5 ans est 60 fois plus élevée dans les pays à faible revenu que dans les riches économies.
En 2013, les plus fortes concentrations de particules fines dans l’air (inférieures à 2,5 micromètres, qui pénètrent dans les alvéoles pulmonaires) sont intervenues en Afrique du Nord et au Moyen-Orient du fait de poussières minérales portées par les vents et en Asie du Sud et de l’Est, relève la Banque mondiale.
«La pollution atmosphérique a pour conséquences de menacer le bien-être des populations, de porter atteinte au capital naturel et matériel et de limiter la croissance économique», affirme Laura Tuck, vice-présidente de la Banque mondiale pour le développement durable. Avec ce rapport, la Banque mondiale en appelle aux décideurs. «Nous espérons faire en sorte que l’on consacre davantage de ressources à l’amélioration de la qualité de l’air», explique la vice-présidente.