La police zimbabwéenne a confirmé dimanche enquêter sur l’ancienne et très controversée Première dame du pays, Grace Mugabe, soupçonnée d’avoir empoché des millions de dollars en exportant illégalement de l’ivoire de contrebande.
“Un rapport a été fait et la police a une enquête, c’est tout ce que je peux dire pour l’instant”, a déclaré à l’AFP une porte-parole de la police, Charity Charamba.
Le journal gouvernemental Sunday Mail a affirmé dimanche que les services de protection de la nature et de la faune avaient établi que Mme Mugabe avait “fait sortir de grandes quantités d’ivoire vers la Chine, les Emirats arabes unis et les Etats-Unis”.
Selon leur rapport cité par le Sunday Mail, elle aurait couvert son trafic en ordonnant à l’administration de son pays d’émettre des vrais-faux permis d’exportation de défenses d’éléphants pour des “cadeaux” à des dirigeants étrangers.
“Une fois hors du pays, ces ‘cadeaux’ étaient intégrés à d’autres chargements et livrés au marché noir”, a précisé le journal.
Cité par le Sunday Mail, un haut responsable de l’actuelle présidence du pays, Christopher Mutsvangwa, a indiqué que le gouvernement avait été informé du trafic par un lanceur d’alerte qu’il n’a pas nommément cité.
“La police et le lanceur d’alerte ont tendu un piège aux complices présumés de Grace Mugabe”, a expliqué M. Mutsvanga. “Ils ont été arrêtés (…) quand nous avons été confrontés à tant de preuves, nous ne pouvions plus rester sans rien faire”.
Le Sunday Times sud-africain de ce dimanche affirme que le lanceur d’alerte est un photojournaliste australien, Adrian Steirn.
Mme Mugabe doit être prochainement entendue par la police, selon le Sunday Mail.
Longtemps connue pour ses seuls goûts de luxe, extravagances et coups de colère, Grace Mugabe, 52 ans, avait ses dernières années révélé son ambition de succéder à son mari.
C’est pour l’en empêcher que l’armée est intervenue en novembre, provoquant la démission de Robert Mugabe, 94 ans aujourd’hui, au terme d’un règne sans partage de trente-sept ans sur le pays.
Les autorités anticorruption du Zimbabwe enquêtent actuellement sur les conditions de délivrance d’un doctorat à Mme Mugabe en 2014. Le vice-chancelier de l’université du Zimbabwe a été arrêté le mois dernier dans le cadre de ce dossier.
M. Mugabe a été remplacé à la tête du pays par son ex-vice-président Emmerson Mnangagwa.
Avec AFP