Pour ne pas effrayer les Nigériens, les autorités insistent sur le fait que la mesure sera appliquée de manière progressive et « souple ». Depuis le 16 août, le gouvernement de Mahamadou Issoufou interdit formellement toute importation de sachet en plastique. Après un retard de trois ans sur une loi votée dans ce sens et deux ans d’anarchie après le décret d’application, les autorités nigériennes ont décidé de sévir. Mais derrière la très officielle “lutte pour la préservation” de l’environnement, une motivation beaucoup plus officieuse.
Un Niger sans sachet plastique ! C’est le message que Almoustapha Garba, Sadou Seydou et Habi Mahamadou Salissou, respectivement ministre de l’Environnement, du Commerce et de la Salubrité Urbaine, ont martelé au cours de leur conclave avec les importateurs de sachets en plastique.
Plus aucune importation de sachets plastiques depuis le 16 août
En novembre 2014, le parlement nigérien avait adopté une loi qui interdisait la production, l’utilisation et la commercialisation des sachets plastiques sur le territoire nigérien. Dans la pratique, en dépit d’un décret d’application pris en 2015, le laxisme et l’anarchie empêchait son application. Un attentisme que les autorités en place à Niamey sont désormais résolues à combattre.
Depuis cette réunion informative des professionnels du secteur, le gouvernement nigérien a pris des mesures fortes : « aucune importation à partir de ce jour [mercredi 16 août 2017, ndlr] ne sera tolérée et le service des douanes y veillera, à l’exception des commandes qui sont déjà en cours et les fiches vont être certifiées par la Chambre de Commerce », précise Almoustapha Garba, le ministre de l’Environnement.
Le gouvernement donne des assurances que la mesure d’interdiction « se fera de manière souple dans un premier temps afin de permettre d’écouler les stocks qui existent déjà ». Cependant la mesure devrait toucher profondément les importateurs qui feraient entrer au Niger quelque 150.000 tonnes de plastique par an, selon des statistiques officielles.
L’environnement, argument officiel, derrière l’officieux « Niamey Nyala »
Pourquoi cette soudaine déclaration « non grata » des sachets en plastique ? Officiellement, le gouvernement nigérien prétexte une fibre environnementale inopinée. « Les déchets plastiques constituent la menace la plus sérieuse pour l’environnement, pour la santé humaine et animale, en somme pour l’économie mondiale », martèle Almoustapha Garba.
Officieusement, il ne faut pas exclure que le gouvernement, en plus d’entériner une tendance mondiale d’interdiction du plastique depuis la Cop21 à Paris, réalise ici un coup de publicité touristique. Aux prises avec une pollution visuelle et environnementale, Niamey, la capitale est submergée de déchets plastiques qui causent des problèmes de salubrité publique.
Pour le gouvernement nigérien, l’interdiction des sachets en plastique est une inscription aux standards environnementaux et écologiques. Plus encore, pour un gouvernement qui veut mettre en avant sa capitale dans le cadre de son programme « Niamey Nyala » (Niamey, la coquette), c’est un point d’honneur.
Avec latribuneafrique