Le groupe consultatif pour le Sénégal a permis au pays de la Téranga d’engranger 14 milliards de francs CFA. De quoi lancer sur de bonnes bases la phase 2 du PSE, dont l’un des enjeux est le financement des PME et des start-up.
Macky Sall n’est pas passé par quatre chemins pour montrer sa détermination à faire de la phase 2 du plan Sénégal émergent (PSE) un succès. À Paris, les 17 et 18 décembre, le président sénégalais (en campagne pour la présidentielle de mars 2019) a mobilisé ministres, bailleurs de fonds, investisseurs privés et patronat afin d’obtenir les 4 milliards de francs CFA d’engagements financiers qu’il était venu chercher.
Le PSE plébiscité à Paris
Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette mobilisation tous azimuts a plus que payé puisque le pays a récolté trois fois plus à près de 14 milliards de francs CFA, soit plus de 12 milliards d’euros. Sur son nuage, le chef de l’État sénégalais a même lancé « venez vite investir » à l’endroit des 853 investisseurs nationaux et internationaux présents au deuxième jour de ce rendez-vous économique. Un satisfecit partagé par son ministre chargé du PSE, Cheikh Kanté. « Mon sentiment de satisfaction va vers la France qui a promis plus de 1,5 milliard d’euros, puis la Banque mondiale. Ensuite s’est ensuivie une cascade d’engagements forts qui montrent que ces institutions fortes ont appuyé cette vision cartésienne du président Macky Sall », a-t-il confié.
Quid du PSE pour ceux qui n’en connaîtraient pas le détail ?
Ce plan doit permettre au Sénégal d’atteindre l’émergence d’ici à 2035 grâce à une accélération de la croissance, à une transformation structurelle de l’économie, à une amélioration du capital humain et des conditions de vie des populations et de l’État de droit. La France est fortement engagée auprès du Sénégal dans la réalisation de ce plan, notamment en faveur du renforcement du capital humain, via la mise en place de nombreux projets, dont le campus franco-sénégalais. Il y a au total 63 projets en cours d’exécution dans les secteurs de l’agriculture, de l’accès à l’eau et à l’électricité, de la promotion de l’éducation et de la santé. Le Sénégal a enregistré une croissance de 7,2 % en 2017 (6 % en moyenne depuis 2015), selon les chiffres du gouvernement, mais de nombreux services de base, dans le secteur de la santé ou de l’éducation notamment, restent déficients et font l’objet de grèves ou de manifestations.
Dakar Finance Cluster veut se positionner
Chargé du suivi du PSE, le ministre Cheikh Kanté, formé en France, à l’université d’Orléans, était lui aussi mobilisé ce lundi soir au siège du Medef, le patronat français. Sa mission ? Lancer un cluster autour des fintechs à Dakar. Cette initiative, qui cadre tout à fait avec les ambitions de cette nouvelle phase du plan qui va se concentrer sur les secteurs prioritaires comme l’énergie, l’économie numérique, le tourisme et la finance, n’en est pourtant qu’à ses balbutiements avec la signature le jour même des statuts. « Ce cluster va pouvoir fédérer des énergies, des porteurs d’idées, dans une logique de complémentarité. Quand les banquiers vont se rendre compte que ces PME sont porteuses d’idées qui peuvent révolutionner le monde, ils prendront le risque de mettre l’argent là. Déjà, le président Macky Sall l’a compris, l’un des enjeux majeurs du PSE, c’est la bancarisation ainsi que le financement des petites et moyennes entreprises. En 2012, le niveau de bancarisation était en dessous de 10 %. Notre objectif était de la ramener à 17 %. Aujourd’hui, nous sommes à 19,74 %. Imaginez qu’on y ajoute le taux de pénétration des banques ainsi que ceux des services comme La Poste où les services de méso et microfinances, ce taux dépasse les 80 % », développe Cheick Kanté.
« Nous avons besoin des fintechs pour retenir ou faire revenir nos talents », ajoute le ministre. Idyllique sur le papier, le Dakar Finance Cluster, s’il possède bel et bien un siège dans la capitale sénégalaise, n’a pas encore d’existence juridique. Comme le confirme son coprésident, l’économiste français Christian de Boisssieu, « ce projet est né à la demande du président sénégalais sur le modèle du pôle Finance innovation », structure lancée il y a dix ans par Paris Europlace et opérant en France et à l’international.
Dans l’immédiat, de nombreuses questions restent en suspens quant aux financements du cluster et à son avantage en comparaison avec d’autres structures existantes. Mais une chose est sûre, d’après de nombreux témoignages d’entrepreneurs, l’appétence pour les fintechs reste forte.
Avec lepoint