Le complexe Tour & Taxis de Bruxelles, qui comprend notamment une ancienne gare désaffectée, va être transformé en un éco-quartier ingénieux. Son inventeur, l’architecte belge Vincent Callebaut, nous explique son projet.
Bruxelles franchit un pas de plus dans sa transition énergétique. Son centenaire complexe de dédouanement et d’entreposage, devenu terre d’accueil pour de nombreuses entreprises et activités culturelles, baptisé «Tour & Taxis», va être totalement transformé en un éco-quartier aux allures futuristes. Repensé par l’architecte belge Vincent Callebaut, le projet devrait accueillir dans un premier temps 50 000 mètres carrés d’espaces multifonctionnels tels des bureaux, des commerces, des équipements publics, et des zones de loisirs, puis 85 000 mètres carrés de logements, répartis dans trois «forêts verticales»
À l’instar de ses récents projets, le visionnaire belge s’est inspiré du biomimétisme pour élaborer ses plans. L’actuelle Gare Maritime va laisser place à un «biocampus» dans lequel travail et loisir seront étroitement liés. «Le leitmotiv est ici de proposer des espaces de vie et de travail à diverses échelles propices à la rencontre et à la multidisciplinarité et à l’accélération de l’innovation. Ces espaces à dimensions variables mais toujours humaines (comme les piazzas à la romaine) sont reliés au sol par des pistes cyclables tandis qu’à plus de 6m60 de hauteur, des passerelles perchées dans les arbres offrent des points de vue inédits sur les détails végétaux en ferronnerie dessinés par Frédéric Bruneel», explique Vincent Callebaut.
Un complexe doté de technologies propres
L’ensemble intégrera les règles du bioclimatisme et sera doté d’énergies renouvelables : la récupération des eaux de pluviales et les puits canadiens assureront une ventilation naturelle tandis que des jardins, des éoliennes à sustentation magnétique et des panneaux solaires fourniront de l’électricité. «Tout concourt ici à la création d’un BEPOS, c’est-à-dire un Bâtiment à Energie Positive produisant 186 % de ses besoins annuels. Auto-suffisante, la Gare Maritime présente donc une plus-value énergétique de 86 % à redistribuer en temps réel à ses bâtiments voisins historiques ou aux futurs logements durables lui faisant face», poursuit M. Callebaut.
La seconde partie du projet porte justement sur la conception de ces habitats. L’architecte compte créer des forêts verticales, qui accueilleront des maisons individuelles avec potagers privatifs, afin de proposer «les avantages de la vie à la campagne» en plein centre de Bruxelles. Ce village vertical sera construit de manière à réintégrer le concept de «la ville pédestre dédiée aux transports doux (bus, tramway, cycles, bateaux-taxis, voitures électriques sans chauffeur, etc) et partagés», fait valoir M. Callebaut. Alors quand on lui demande si la voiture personnelle aura sa place dans cet éco-quartier, voilà ce qu’il nous répond : «Il faut limiter les émissions de gaz à effet de serre à la source en quittant notre dépendance au “tout à l’automobile”». Pour harmoniser ce village au «biocampus», une rotule urbaine composée d’un grand étang marécageux, de bars et de restaurants, ainsi qu’un nénuphar géant accueillant un espace d’exposition événementiel sera installée. Cette composition urbaine permettra de faire le lien entre le grand parvis situé au Nord-Est de l’Entrepôt Royal et le Parc aménagé au Nord-Ouest sur les traces des anciennes fourches de rails.