Le président du directoire de PSA, Carlos Tavares met en garde contre le risque d’une ruée vers l’électrique, en espérant que l’accélération actuelle vers cette technologie ne conduira pas à revivre “un dieselgate”, qui frappe depuis deux ans les constructeurs automobiles européens.
La Direction de la répression des fraudes (DGCCRF) a accusé dans un rapport PSA d’avoir truqué les émissions polluantes de deux millions de moteurs pour leur permettre d’être homologués. L’entreprise risque une amende de 5 milliards d’euros.
“Nous sommes en train d’évoluer d’un monde où la réglementation était neutre vis-à-vis des technologies vers un monde où on nous instruit d’aller dans la direction du véhicule électrique”, a déclaré Carlos Tavares, à l’occasion du 67e salon automobile de Francfort.
Le constructeur automobile prévoit de proposer des versions électriques et hybrides rechargeables pour 50% de sa gamme en 2020, et pour 80% en 2023.
Pourtant, il estime qu’il y a un gros problème scientifique avec cette ruée vers l’électrique:
“Si on nous donne instruction de faire des véhicules électriques, il faut aussi que les administrations et les autorités assument la responsabilité scientifique. Parce que je ne voudrais pas que dans 30 ans on ait découvert les uns ou les autres quelque chose qui n’est pas aussi beau que ça en a l’air.”
Il cite comme risques la question de l’origine plus ou moins renouvelable de la production d’électricité, celle du recyclage des batteries, la gestion des matières premières rares ou encore l’éventualité des émissions électromagnétiques des batteries lorsqu’on les charge.
“Si cela (les voitures électriques) ne parvient pas à être accepté sur le marché, alors tout le monde – l’industrie, les employés et les responsables politiques – a un gros problème”, selon des propos de Carlos Tavares rapportés ce week-end par le magazine Bild am Sonntag.
Si les constructeurs automobiles traditionnels se mettent petit à petit à l’électrique, ils tentent de repousser l’inévitable. Ils rappellent que les ventes de voitures électriques représentent moins de 1% des livraisons mondiales de voitures neuves.
Face à eux, le constructeur américain de voitures électriques haut de gamme Tesla Motors s’est taillé une jolie niche — ce qui a permis au groupe de voir sa capitalisation boursière dépasser celle de General Motors. Elon Musk martèle depuis quatre ans que les attaques des géants pétroliers ou des constructeurs automobiles — notamment américains — sont comparables au lobby de l’industrie du tabac.
La vision du DG de Tesla et SpaceX est simple: les gens pourront recharger leurs voitures avec de l’électricité générée par des panneaux solaires sur le toit, ce qui permettra aux consommateurs d’économiser du gaz et de l’électricité et de se passer d’essence et de diesel.
Il assure que les batteries au lithium de ses Tesla seront recyclées au sein de la Gigafactory dans le Nevada. De plus, on a récemment appris que le directeur technique de Tesla, JB Strobe, figurait comme dirigeant d’une entreprise spécialisée dans ce domaine, qui développe des technologies avancées pour le “recyclage, la refabrication et la réutilisation des matériaux”.
Bloomberg New Energy Finance estime que la baisse des coûts pour les batteries rendra les voitures électriques moins chères que les voitures classiques d’ici 2025. Les prochains Chevy Bolt et Tesla Model 3 donneront aux Américains un avant-goût de ce que les véhicules électriques à prix abordables peuvent faire.
Avec businessinsider