Le gouvernement du Tchad a engagé la banque Rothschild et le cabinet Cleary Gottlieb pour renégocier les termes du contrat relatif au prêt de 1,3 milliard de dollars qu’il a contracté en 2014 auprès de la multinationale anglo-suisse Glencore. Confronté à une conjoncture économique des plus difficiles, le Tchad entend ainsi glaner quelques recettes en vue de combler son déficit budgétaire. Le remboursement du prêt dans un contexte de chute des cours de l’or noir a plongé le pays dans une spirale infernale au point que le président Déby a lui-même reconnu que c’était une erreur de son gouvernement.
Le gouvernement tchadien a annoncé avoir engagé depuis le mois de mai dernier, deux cabinets internationaux afin de renégocier des termes du contrat de prêt et de commercialisation du pétrole brut que produit le pays par la multinationale anglo-suisse Glencore. Il s’agit de la banque Rothschild en qualité de conseil financier et le cabinet Cleary Gottlieb comme conseil juridique et selon le ministre des Finances et du budget Christian George Diguimbaye qui en a fait l’annonce lundi dernier au Parlement, ils ont déjà « défini les objectifs et arrêté les options de renégociation ».
Le gouvernement entend à travers cette décision glaner 108 milliards Fcfa au terme de la procédure de renégociation du contrat. Le ministre Diguimbaye a de nouveau reconnu que la première négociation avec son ancien partenaire stratégique a été «une erreur du gouvernement et qu’une renégociation est devenue impérative ».
Cette décision qui fait suite déjà à la demande de restructuration, formulée par le gouvernement et acceptée par Glencore sur une échéance allant jusqu’en 2022, était attendue au regard des critiques sans cesse ressassées ces derniers temps par le président tchadien Idriss Déby. Ce dernier était le premier à reconnaître, « l’erreur stratégique » et est allé même jusqu’à évoquer dans des médias internationaux, des soupçons de « délit d’initié » dans cette affaire aux multiples rebondissements.
Mauvaise fortune
Tout est parti de la décision des autorités tchadiennes de contracter une dette d’un montant de 1,3 milliard de dollars en 2014 auprès de la firme suisse spécialisée dans les matières premières afin de permettre au pays de reprendre les intérêts financiers de la major américaine Chevron dans le consortium qu’elle constituait avec deux autres sociétés pétrolières, Esso et Petronas. A l’époque, le baril de pétrole culminait encore entre 100 et 105 dollars et le gouvernement tchadien qui a engagé d’ambitieux chantiers d’infrastructures a jugé bon de se porter acquéreur des 25% que détenait Chevron dans le consortium. C’est Glencore qui a joué à l’époque le rôle de « banquier » pour le Tchad et il devrait être remboursé sur quatre ans à travers la part qui revenait à la Société des hydrocarbures du Tchad (SHT) dans le cadre de la commercialisation du pétrole brut produit. Malheureusement pour le Tchad, quelques semaines après la conclusion de la transaction, le baril a commencé à chuter de manière vertigineuse jusqu’à atteindre 40 dollars, réduisant drastiquement les marges de manœuvres de remboursement du prêt contracté.
Conjoncture difficile
Selon les autorités tchadiennes, le remboursement de la dette absorbait près de 98% des dividendes qui revenaient à la SHTle consortium de Doba. Et pour ne rien arranger les choses, la chute des cours du pétrole a drastiquement asséché les finances publiques plongées dans une conjoncture difficile ayant nécessité une cure d’austérité sous assistance financière du FMI. Après les arriérés de salaires, les coupes budgétaires et la réduction marqué du train de vie de l’Etat, le pays n’arrive toujours pas à sortir la tête de l’eau et c’est ce qui a justifié l’adoption, lundi dernier, d’une loi rectificative afin de faire face au déficit budgétaire qui s’annonce encore plus élevé cette année.
C’est donc après avoir raclé les fonds de tiroirs et en l’absence d’autres alternatives que les autorités tchadiennes ont décidé d’engager une nouvelle procédure de renégociation du contrat dans l’espoir d’atténuer l’impact de la crise.
Après avoir essayé sans succès de renégocier lui même les termes du contrat, le gouvernement tchadien recours donc à des cabinets internationaux de renom pour aboutir à une solution satisfaisante et ainsi renflouer ses caisses dans un contexte de besoin urgent de liquidités.
Avec latribuneafrique