Trois millions de barils par jour d’ici cinq ans, c’est l’ambition des autorités fédérales nigérianes qui entendent ainsi booster la production de pétrole du pays. C’est en tout cas la grande annonce faite par le ministre du pétrole du pays, Ibe Kachikwu, à l’occasion de l’édition 2017 de la Conférence-exposition sur le pétrole et le gaz en Afrique de l’Ouest, qui vient de se s’achever à Lagos, la capitale économique du pays. A l’ouverture des travaux de l’événement qui a réunit plus de 5000 délégués en provenance d’une vingtaine de pays, Ibe Kachikwu a détaillé le plan qu’entend mettre en œuvre le gouvernement fédéral pour atteindre cet ambitieux objectif qui nécessitera une enveloppe annuelle de l’ordre de 10 milliards de dollars d’ici 2022. Ces investissements devront servir à renforcer la compétitivité de l’industrie pétrolière du Nigéria, l’un des plus grands producteurs d’or noir du continent et dont l’économie en est grandement dépendante. Il s’agira, entres autres, d’améliorer les infrastructures du secteur ainsi que de rationaliser les raffineries publiques en plus de promouvoir le développement de nouvelles raffineries notamment modulaires pour faciliter leur implantation en fonction des différents sites d’exploitation du pays. En ce sens, la stratégie des autorités fédérales de mettre fin aux importations des produits pétroliers d’ici 2019 s’inscrit dans cette nouvelle dynamique qui sera également portée par le secteur privé. C’est dans ce cadre d’ailleurs que sera bientôt mise en service la nouvelle raffinerie du groupe appartenant au milliardaire Aliko Dangoté avec une capacité prévue de 650.000 barils par jour.
Stratégie de développement
Aussi ambitieux que soit l’objectif des autorités fédérales nigérianes, il est à portée de main si l’on se réfère à l’énorme potentiel confirmé du pays en matière de réserves de pétrole. D’ailleurs, le ministre nigérian du pétrole n’a pas manqué de mettre en exergue le fait que les premières actions entreprises par le régime d’Abuja pour assainir le secteur qui fait face à d’énormes dysfonctionnements depuis des années, a permis de rehausser de nouveau la production à 2,1 millions de barils selon les dernières estimations établies quelques jours avant l’événement de Lagos.
En juillet dernier, la production du pays a fortement baissé en raison des sabotages de certaines installations dans la région stratégique du Delta du Niger alors que la baisse des cours sur les marchés internationaux a déjà fortement plombé les comptes du pays qui a d’ailleurs connus plusieurs mois de récession. A cela s’ajoute les récurrents problèmes qui affectent le secteur notamment pour ce qui de la filière aval. Le pays a dû céder à l’Angola, la place de premier pays producteur du continent, une place que le Nigéria veut retrouver en misant sur un assainissement du secteur ainsi que le renforcement des infrastructures pour booster sa production de pétrole et de gaz.
D’ailleurs, a expliqué Ibe Kachikwu, l’un des problèmes majeurs qui a freiné la croissance économique du pays, c’est la dette de 6 milliards de dollars destinée au financement d’une joint-venture et à solder certains contentieux, qui a été découverte pour la filière en amont. La page est en train d’être tournée puisque 5,1 milliards de cette dette en suspens seront remboursés sur les cinq prochaines années grâce notamment à la hausse de la production attendue.
Perspectives africaines
De quoi ainsi permettre au pays de sortir la tête de l’eau et d’après l’actuel secrétaire général de l’OPEP, le nigérian Mohammed Barkindo, la hausse de la demande mondiale va engendrer celle de l’offre avec une production qui devrait atteindre 100 millions de barils par jour à l’horizon 2021. De bonnes perspectives donc pour le Nigéria mais aussi pour les autres pays producteurs et exportateurs africains selon Barkindo qui ont plaidé pour que le continent puisse réduire ses importations en matière de produits pétroliers. Actuellementl’Afrique importe 30% des produits raffinés qu’elle consomme, la plus grande région importatrice au monde selon le secrétaire général de l’OPEP pour qui l’Afrique devrait également voir de nouveaux projets à long terme qui contribueront à satisfaire ses demandes croissantes, car « le continent est bien positionné pour les ajouts de capacité en aval ».