La Libye vient d’enregistrer en l’espace d’une semaine, la fermeture de 3 champs pétroliers dont celui de Sharara qui produit à lui seul 330.000 barils par jour. Un gel de la production qui vient après que des milices aient décidé de fermer les pipelines reliant les unités de production aux terminaux d’exportation.
Le statut quo fragile qui régnait en Libye entre l’ensemble des belligérants qui prévoyait que la production pétrolière ne devait pas en pâtir dans la guerre civile qui déchire le pays depuis 2014, semble être révolu. Des milices se réclamant de Zintan viennent en effet de forcer la fermeture de deux champs de pétrole, après qu’elles aient pris le contrôle des pipelines reliant les gisements aux ports.
Les pipelines en ligne de mire
Un mouvement des milices de Zintan qui a notamment poussé le gisement stratégique d’El Feel à cesser la production. L’arrêt de l’activité a également été conseillée par la Petroleum Facilities Guard chargée de la protection des infrastructures pétrolières, mais dont l’armement et l’équipement ne lui permet pas de faire face à des colonnes lourdement armées.
La fermeture du site d’El Feel devrait être suivi par celui du champ de Hamada qui a amorcé un arrêt progressif des opérations de pompage la semaine dernière, et qui devrait connaitre un gel total de l’extraction aujourd’hui, lundi 28 août. L’Arabin Gulf Oil qui exploite le site de Hamada a fait valoir la clause légale de force majeure pour justifier l’arrêt d’activité. Cette clause permet à l’exploitant de cesser la production, en protégeant sa responsabilité en invoquant des raisons indépendantes de sa volonté, comme la prise des pipelines dans ce cas précis.
Une évolution qui fait craindre pour l’infrastructure
D’ailleurs, le plus grand complexe pétrolifère de Libye, Sharara, est à l’arrêt depuis une semaine. Un arrêt forcé survenu sous les mêmes circonstances après la fermeture du pipeline reliant le dépôt à un terminal d’exportation par un groupe armé. Ces fermetures forcées sont justifiées par les milices comme une réponse au manque en carburant que connaîtraient leurs villes respectives. Cette situation survient alors que l’OPEP vient d’adopter un plan pour stimuler la production de brut.
Le champs d’El Feel est exploité par une joint-venture entre l’italien Eni SpA et le NOC libyen. Il dispose d’une capacité de production de 90.000 barils par jour. Le complexe de Sharara dispose pour sa part d’une capacité de production de 330.000 par jour et est géré conjointement par NOC, Repsol, Total, OMV et Statoil. La Libye a pour rappel, pompé un peu plus de 1 million de barils par jour en juillet dernier, contre 1,6 millions de barils par jours avant la révolte de 2011.
Le mouvement des milices vers les pipelines fait craindre pour la sécurité des infrastructures pétrolières qui ont traversé presque sans dégâts le chaos libyen depuis 2011. En effet, l’importance des rentrées en devises provenant des exportations pétrolières sont indispensables pour payer les fonctionnaires de la Petroleum Facilities Guard et maintenir l’approvisionnement en eau et en électricité… Jusque-là épargnée, ces installations pourraient être fortement endommagée en cas d’intervention musclée de forces armées, notamment celles de Haftar disposant d’éléments aériens pour en déloger les milices.
Avec latribuneafrique