Après en avoir été membre de 1975 à 1995, le Gabon a fait la demande de sa réintégration au sein de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), a annoncé l’agence « Reuters », vendredi, citant deux sources au sein du cartel. Une information confirmée à « Jeune Afrique » par une source interrogée à Libreville.
La demande de réintégration du Gabon, qui est négociée à Libreville par le ministère du Pétrole et des Hydrocarbures, sera discutée lors de la prochaine réunion des pays membres de l’Opep, qui est prévue le 2 juin à Vienne. Selon une source interrogée par Jeune Afrique, la demande officielle a été envoyée « voici deux ou trois mois ». Contactés, les services de la présidence du Gabon n’ont ni confirmé ni démenti l’information, renvoyant plutôt à « la prise de parole éventuelle du ministre du Pétrole ».
Si ce retour est approuvé, le Gabon, avec une production de 200 000 barils par jour, sera le plus petit pays producteur de l’Opep.
Libreville avait quitté le cartel des producteurs pétroliers il y a vingt ans après le refus de l’Opep de diminuer la contribution annuelle du Gabon au budget de l’organisation. Si le Gabon était réintégré à l’Opep, il deviendrait le 14e pays membre de l’organisation, où il retrouverait l’Algérie, l’Angola, la Libye et le Nigeria. Ce serait le seul pays de la zone Cemac au sein du cartel, dont ne font pas partie le Tchad, le Cameroun ou la Guinée équatoriale.
Réunion à Doha dimanche 17 avril
Si le gouvernement gabonais n’a pas officiellement indiqué les raisons de cette demande de réintégration au sein de l’Opep, cette dernière intervient alors que les pays pétroliers tentent de stabiliser les cours de l’or noir qui ont chuté de plus de 60 % depuis mi-2014.
Une réunion rassemblant membres et non-membres de l’Opep doit d’ailleurs se tenir à Doha le 17 avril pour tenter de rallier les principaux pays pétroliers mondiaux à un gel de la production à même de relancer les prix — après un premier accord conclu entre l’Arabie saoudite, la Russie, le Qatar et le Venezuela.
Une perspective qui, vendredi 15 avril, donne du souffle aux marchés pétroliers. Le « light sweet crude » (WTI) et le Brent de la mer du Nord atteignent respectivement 41,66 dollars et 44,03 dollars le baril, alors qu’ils avaient plongé sous les 30 dollars en début d’année.
Les comptes publics du Gabon ont été durement impactés par la chute du pétrole
Le pétrole pèse pour 32 % des recettes publiques consolidées et 65 % des exportations du Gabon, selon l’agence Moody’s qui avait placé début mars la note souveraine du pays d’Afrique centrale (Ba3) sous examen avec possibilité de la réviser à la baisse. En cause, l’impact de la chute du prix du pétrole sur les finances publiques, les réserves extérieures et les comptes externes du pays.
L’agence de notation estimait par exemple, qu’en pourcentage du PIB, les recettes du Gabon ont chuté de 4,5 points entre 2013 et 2015. Le Gabon est ainsi passé d’un excédent budgétaire de +1,8 % du PIB en 2013 à un déficit de -2,2 % en 2015.
Jeune Afrique