Pékin renforce la construction effrénée de sites militaires sur les îles, les récifs et dans les dépressions de la mer de Chine méridionale, région qui fait l’objet de plusieurs litiges territoriaux. Cependant, il est de plus en plus évident que Pékin n’a pas peur de tirer un trait sur ces revendications.
En fin de semaine dernière, le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi a nuancé les ambitions géopolitiques de son pays mais a tout de même rappelé la ligne du parti dans cette affaire. Selon Vestifinance.
«La décision de Pékin de protéger la paix et la stabilité en mer de Chine méridionale doit être immuable», a noté le ministre. Et d’ajouter que les problèmes dans la région s’expliquaient par l’influence de «forces extérieures» qui «ont envoyé des navires de guerre entièrement armés en mer de Chine méridionale pour montrer leur puissance militaire».
Il faisait notamment allusion à la liberté accrue de navigation de la marine américaine en mer de Chine méridionale. Ces derniers temps, l’Australie et même le Royaume-Uni ont commencé à contester les revendications de Pékin dans les eaux territoriales litigieuses. La Chine, ayant d’immenses revendications en mer de Chine méridionale avec les Philippines, le Vietnam, Taïwan, la Malaisie et Brunei, clame son autorité sur près de 90% de la mer dans ce qu’on appelle sa “ligne en neuf traits”.
Pourquoi la nouvelle superpuissance du monde et la deuxième économie mondiale est-elle prête à remettre en question sa réputation? Comme c’est souvent le cas dans les jeux géopolitiques, la réponse est: pour le pétrole. Beaucoup de pétrole.
Combien de pétrole?
Selon une ancienne estimation de la Chine, les ressources pétrolières potentielles de la mer de Chine méridionale représentent 213 milliards de barils, même si certains analystes occidentaux ont déclaré à de nombreuses reprises que cette estimation était exagérée.
D’après un rapport du service géologique américain (YSGS) de 1993-1994, la somme des ressources découvertes et non découvertes de la mer de Chine méridionale s’élève à 28 milliards de barils, mais cette estimation paraît cette fois trop basse.
De plus, selon les estimations de l’USGS de 1993-1994, en réalité le gaz naturel est encore plus répandu dans cette région que le pétrole. D’après l’USGS, le gaz représente près de 60-70% des ressources naturelles de la région, et la quantité totale des réserves de la mer de Chine méridionale est estimée à 266 billions de pieds cubes de gaz (tcf).
La compagnie pétrolière China National Offshore Oil Company (CNOOC), responsable de la majeure partie de la production pétrolière et gazière en mer de Chine, affirme que cette région abrite près de 125 milliards de barils de pétrole et 500 tcf sur les territoires non explorés, bien que ces chiffres n’aient pas été confirmé par des études indépendantes.
C’est probablement la raison pour laquelle la CNOOC a dépensé plus d’un milliard de dollars pour la construction de la plate-forme de forage de grande profondeur Hai Yang Shi You 981 (HYSY 981). Quand elle a été lancée en 2014, les autorités chinoises ont déclaré que la plate-forme de forage était considérée de facto comme un «territoire souverain» chinois.
Depuis, la plate-forme a été utilisée à différentes fins, notamment une exploitation contestable en été 2014 dans la zone économique exclusive près des côtes vietnamiennes.
Les Vietnamiens ont réagi par des protestations en incendiant des usines chinoises dans le pays, ce qui a finalement forcé Pékin à évacuer des citoyens chinois, ainsi qu’à stopper prématurément la plate-forme HYSY 981. Les analystes ont considéré cette confrontation comme une sérieuse évolution des litiges territoriaux entre la Chine et le Vietnam après la bataille du récif de Johnson de 1988, qui avait fait 64 tués parmi les militaires vietnamiens.
Selon une nouvelle étude de l’USGS de 2010, la probabilité est de 95% que le plateau de la mer de Chine méridionale contienne au moins 750 millions de barils de pétrole. La probabilité moyenne est de 2 milliards de barils et la probabilité basse (5%) plus de 5 milliards de barils. Récemment, les géologues ont déclaré que le plateau de la mer de Chine méridionale était un territoire riche en hydrocarbures présentant les conditions géologiques parfaites pour le développement des hydrocarbures et notamment du pétrole.
Bien que les géologues occidentaux aient manifestement compris le potentiel pétrolier et gazier de la région seulement récemment, les Chinois le connaissaient depuis de nombreuses années.
C’est probablement la raison pour laquelle ils considèrent la mer de Chine méridionale comme un nouveau golfe Persique et y poursuivront certainement non seulement la construction, mais la défendront également par la rhétorique et, si besoin, par la force.
Avec sputnik