Ils et elles viennent du monde du cinéma, de la politique ou de la société civile, sont controversés ou au contraire unanimement salués. Leur point commun : ils ont fait la une cette année en Tunisie.
Sarah Toumi
La Franco-Tunisienne de 28 ans est la seule Arabe et Africaine à figurer dans le classement mondial 2016 des 30 meilleurs entrepreneurs de moins de 30 ans établi par le magazine américain Forbes.
Fondatrice en 2008 de l’ONG Dream – un « réseau d’échange et d’action pour le développement » destiné aux jeunes -, elle projette de planter 1 million d’arbres d’ici à 2018 en Tunisie via son initiative « Acacias for All », lancée en 2012 pour remédier à la désertification.
Un projet social et environnemental pour lequel elle a reçu, en novembre 2016, le prix La France s’engage au Sud, décerné par l’État français et le Rolex Awards for Enterprise.
Fadhel Abdelkefi
Ancien directeur général du groupe financier Integra Partners (Tunisie Valeurs et Tuninvest) et président (non exécutif) de la Bourse des valeurs mobilières de Tunis, ce spécialiste de la gestion et de la levée de fonds a fait partie, en septembre, des surprises du nouveau gouvernement d’union nationale.
À 40 ans, Fadhel Abdelkefi est en effet devenu ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale, avec pour principale mission de relancer l’investissement en Tunisie. Et ce via notamment la conférence internationale des bailleurs de fonds Tunisia 2020 des 29 et 30 novembre, qu’il a piloté.
Au terme d’une campagne de promotion mondiale de cinq mois, l’évènement a insufflé un vent d’optimiste et de fierté sur le pays. Objectif atteint donc pour Fadhel Abdelkefi, qui a su séduire et convaincre par son sérieux, la clarté de ses propos, et ses compétences.
Youssef Chahed
À tout juste 41 ans, celui qui est devenu, en août, le septième chef du gouvernement de la Tunisie post-révolution, est aussi le plus jeune de l’histoire contemporaine du pays. Et comme il l’a dit lui-même, son gouvernement n’a « plus le droit à l’erreur ».
Attendu au tournant et rapidement plongé dans le bain, avec notamment des affrontements entre forces de l’ordre et terroristes à Kasserine, des inondations un peu partout dans le pays, et des mouvements sociaux à Kerkennah et à Gafsa, il a clamé avec clarté et aplomb dès son investiture que consensus ne rimerait pas avec immobilisme.
La tâche qu’il a à accomplir est pourtant titanesque : il doit, entre autres, redresser le pays, rétablir l’autorité de l’État et réformer en profondeur l’Administration. Plus récemment et face à une levée de boucliers de la société civile, il a appelé le Parlement à examiner en urgence deux projets : un amendant l’article 227 bis du Code Pénal sur les mineures, et l’autre pénalisant le racisme.
Néji Jalloul
Quasi inconnu du grand public lorsqu’il prend la tête du ministère de l’Éducation en février 2015, il a été élu personnalité politique préférée des Tunisiens en mars 2016, devant le Président de la République Béji Caïd Essebsi.
Si son franc-parler et sa fermeté ont su s’imposer pour certains comme des qualités, ses réformes scolaires sont loin d’avoir fait l’unanimité cette année.
« L’année scolaire 2016-2017 sera celle des grandes réformes », avait-il annoncé, détaillant plusieurs changements au niveau des rythmes scolaires, des programmes et des infrastructures. Des décisions qui ont suscité la colère de nombreux parents, élèves et enseignants, et qui ont poussé Néji Jalloul à revoir sa copie.
Mohamed Ben Attia
Avec son premier long-métrage Nhebbek Hédi (Je t’aime Hédi), sortie le 28 décembre en France, le réalisateur est loin d’être passé inaperçu.
Doublement primé à la Berlinale en février et lauréat du prix du meilleur film étranger au Festival international du film d’Athènes, les critiques en Chine, au Canada et en Europe sont unanimes : avec la sensibilité et la subtilité de ce film, ainsi que le remarquable jeu d’acteur du jeune Majd Mastoura, la Tunisie assiste bel et bien à une « renaissance » de son cinéma.
Sihem Ben Sedrine
Probablement une des figures publiques les plus controversées en Tunisie depuis son accession à la présidence de l’Instance vérité et dignité (IVD), cette ancienne journaliste n’a pas sa langue dans sa poche.
Soupçonnée de corruption et critiquée par des membres démissionnaires de l’IVD pour sa mauvaise gestion et sa personnalité « vindicative », elle ne cesse de rappeler son but premier en tant que présidente de l’Instance : entrer dans l’Histoire du pays.
Et ce fut chose faite cette année, avec la tenue en direct des premières auditions publiques des victimes de la dictature.
Anissa Meddeb
Âgée d’à peine 23 ans, la styliste tunisienne a eu le privilège de présenter, le 16 septembre, sa collection printemps-été 2017 dans la catégorie Ones to Watch (ceux qu’il faut suivre) de la Fashion Week londonienne. Diplômée en beaux-arts de la Parsons School of Design, elle lance en avril son label Anissa Aïda, en hommage à sa sœur disparue avec laquelle elle partageait une passion pour la mode.
Son travail a été encensé par le magasine britannique Vogue, et sa collection était le clou de la soirée de lancement début novembre à Paris du magazine digital de Studio Faust, consacré au luxe et à la mode.
J.A.