Le retour de l’inflation grignote le pouvoir d’achat des consommateurs… à moins que leur salaire augmente en conséquence. C’est le cas dans certains pays européens où existe un mécanisme d’indexation des salaires.
Alors qu’en France, le consommateur subit de plein fouet le retour de l’inflation, dans d’autres pays pourtant voisins, cette mauvaise nouvelle s’accompagne d’une bien meilleure : une hausse de salaire automatique.
C’est le cas en particulier au Luxembourg. Le Grand-Duché met à jour un indice qui évolue avec l’inflation. Lorsque celui-ci dépasse un certain seuil, l’ensemble des salaires sont automatiquement augmentés… de 2,5% ! Avec 1,5% d’inflation en juillet (contre 2,3% en France), le seuil a été dépassé déclenchant ainsi une nouvelle indexation, entrée en vigueur dès le 1er août.
Résultat, le salaire minimum a franchi la barre des 2000 euros brut. La nouvelle doit ravir les frontaliers français, qui étaient plus de 93.000 à travailler au Grand-Duché en 2017.
La France indexait les salaires jusqu’en 1983
Le Luxembourg n’est pas le seul pays européen où les salaires sont indexés sur l’inflation. C’était d’ailleurs le cas en France jusqu’en 1983, mais aujourd’hui seule la revalorisation du Smic est calculée à partir de l’inflation.
La Belgique appliquait ce mécanisme mais uniquement pour revaloriser automatiquement les salaires du secteur public et les allocations. Le Royaume ne retient pas l’inflation totale mais retire les prix du tabac, de l’alcool et du pétrole pour bâtir un “indice de santé”. Depuis le 1er janvier 2017, les salaires du privé bénéficient également de ce mécanisme mais seulement dans certains secteurs.
Chypre aussi appliquait une indexation des salaires sur l’inflation. Seulement, avec la crise de l’euro, l’île a été contrainte de bloquer le dispositif. Elle l’a remis en marche depuis mais en a modifié les critères, rendant les revalorisations moins importantes.
En Espagne, l’indexation n’est pas légalement obligatoire, mais elle fait l’objet d’une clause dans bon nombre de conventions collectives. Comme pour Chypre, le Royaume avait bloqué ce mécanisme et même fortement baissé les salaires depuis la crise de 2010. Le retour de la croissance l’année passée et la baisse du chômage ont changé la donne. Le gouvernement a revalorisé le salaire minimum de 4% début 2018, puis patronat et syndicats se sont accordés sur des augmentations pouvant aller jusqu’à 3% par an jusqu’en 2020.
Ce type de mécanisme ne satisfait guère la Banque centrale européenne (BCE). Francfort a pour mission la stabilité des prix, qui correspond à une inflation proche de 2%. Or, l’indexation des salaires sur l’inflation dans une économie qui enregistre déjà une forte hausse des prix peut créer une spirale inflationniste difficile à contrôler. Ces dernières années l’inflation manquait, mais lorsque la crise de l’euro battait son plein en 2011 elle culminait à 2,7%.
Avec bfm