Le gouvernement néerlandais a décidé de bannir le logiciel antivirus de Kaspersky. L’éditeur informatique est suspecté d’espionnage et de sabotage au profit du Kremlin. Kaspersky réfute ces accusations et annonce le transfert de datacenters de la Russie vers la Suisse.
Kaspersky est-il un cheval de Troie chargé d’espionner et de saboter pour le compte du Kremlin? Après les États-Unis, c’est au tour des Pays-Bas de lancer cette grave accusation contre l’éditeur russe de logiciel de sécurité. Ce lundi 14 mai, le gouvernement néerlandais a décidé de bannir ces technologies de ses infrastructures informatiques. Dans un communiqué, le ministère néerlandais de la Justice et de la Sécurité explique qu’il s’agit de “garantir la sécurité nationale”. La crainte repose surtout sur une loi russe qui “exige des entreprises telles que Kaspersky de coopérer avec Moscou”.
Le groupe informatique a rapidement réagit. Dans un communiqué, il se dit “déçu par cette décision basée sur des préoccupations théoriques” et estime qu’il fait les frais d’une “lutte géopolitique”. Il rappelle aussi que cette décision intervient au moment où il a décidé de transférer une partie de ses services de la Russie vers la Suisse d’ici 2019. Ces datacenters seront sous la surveillance d’un organisme indépendant.
Malgré ces déclarations, le gouvernement néerlandais reste convaincu d’un risque majeur à utiliser les technologies de la société russe. Selon le ministère néerlandais de la Justice et de la Sécurité, Moscou “dispose d’un cyberprogramme offensif et actif axé sur les Pays-Bas et leurs intérêts”. Aucune preuve n’a été apportée pour étayer ces affirmations.
“Le rôle et les responsabilités des acteurs privés”
Le cas Kaspesky a été évoqué par la députée européenne Marietje Schaake, lors de la conférence Cyber Défense Pledge qui s’est tenue ce mardi 15 mai à Paris. Lors de la table ronde sur la menace et les grands enjeux cyber, Florian Escudié, sous directeur des affaires stratégiques et de la cybersécurité du ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères, estimait, sans citer l’éditeur russe, qu’il fallait réfléchir “sur le rôle et les responsabilités des acteurs privés dans la cyberdéfense et effectuer de meilleurs contrôle de leurs outils”.
Dès septembre 2017, Washington a décidé d’interdire aux agences fédérales d’utiliser les logiciels de la société russe. Un mois plus tard, la NSA, agence de renseignement militaire américaine, révélait qu’en 2015, des pirates informatiques russes avaient utilisé l’antivirus Kaspersky pour voler des documents confidentiels sur l’ordinateur personnel d’un employé de l’un de ses sous-traitants.
Ces affirmations avaient été démenties par Eugène Kaspersky. Sur son blog, le fondateur du groupe s’étonnait que des personnes puissent infiltrer si facilement une entreprise sensible. “Il y a des dizaines de dispositifs internes, technologiques et au niveau de l’organisation, pour réduire le risque”, confiait-il.
Avec bfm