1. Pourquoi avez-vous fait le choix d’intégrer la commission Education d’Eurocham en tant que Président ?
Avant mon arrivée en Côte d’Ivoire, j’ai eu l’honneur de présider la Commission Éducation-Formation du Conseil des Investisseurs Français en Afrique (CIAN). Dans ce cadre, nous avions développé le projet RH-Excellence Afrique, qui m’a conduit à collaborer avec Eurocham Côte d’Ivoire. J’y ai découvert une organisation dynamique, avec une réelle valeur ajoutée, portée par des membres engagés sur les enjeux de formation, d’éducation et de renforcement des liens entre entreprises et institutions de formation, tant publiques que privées.
C’est donc tout naturellement lorsque Monsieur Marc ALBEROLA, alors Président d’Eurocham, m’a proposé de prendre la tête de la Commission Éducation, j’y ai vu, en tant qu’Européen convaincu, une belle opportunité de poursuivre des actions qui me tiennent à cœur, en faveur de la formation, de l’employabilité et du rapprochement entre le monde académique et celui de l’entreprise. J’ai accepté cette proposition avec enthousiasme.
2. Vous êtes Directeur Général d’Eranove Academy, comment accordez-vous les deux Fonctions et que propose Eranove Academy ?
Concilier les exigences du quotidien avec la présidence d’une commission n’est jamais simple, surtout quand on évolue au sein d’une jeune structure en pleine croissance comme Eranove Academy. Mais je dois dire que cette responsabilité, à la tête d’une commission qui rassemble aujourd’hui plus de 14 membres, est une source de grande satisfaction et d’enrichissement personnel. Les échanges entre membres, les travaux de la commission, la participation au comité exécutif de la Chambre, aux conférences, aux rencontres avec les établissements de formation et les autorités publiques… tout cela nous permet de mieux comprendre les réalités du terrain : les besoins des entreprises ivoiriennes, leurs contraintes, mais aussi leur vision de l’avenir. C’est une expérience riche, pleine de sens, qui représente une vraie opportunité pour Eranove Academy.
Eranove Academy peut-être considérée comme une jeune start-up de la Tech-Education. Nous construisons et offrons, en Côte d’ivoire, à des prix compétitifs et des niveaux de qualité pédagogique élevés garce aux outils IA que nous avons développés des parcours certifiants et diplômants répondant aux défis de l’industrie 4.0 et de la révolution digitale. Nous travaillons en partant des besoins des entreprises ivoiriennes et pas seulement celles du Groupe Eranove en partenariats ale CNAM et INPHB notamment, pour proposer des modalités pédagogiques innovantes permettant à des professionnels de travailler et de se former à leur rythme, de rependre des études et acquérir les compétences dont la marché du travail à besoin. Ces formations, peuvent être financées par leur entreprise – ou par leurs propres moyens, et à des étudiants qui ont besoin de se professionnaliser.
Ces formations se font en ligne avec des travaux pratiques dans notre Techlab au Plateau et des Master-Class. Nous déployons aussi des dispositifs d’évaluation des compétences et un catalogue très compétitif de formations continues en ligne éligibles au FDFP, et innovons en construisant avec notre jeune équipe ivoirienne des dispositifs de formation en réalité virtuelle notamment sur les formations en matière de sécurité qui seront très prochainement accessible via le Cloud.
3. Quels sont, selon vous, les principaux défis que rencontrent les entreprises en Côte d’Ivoire dans le domaine de la formation ?
Elles doivent faire face à deux défis :
Le premier étant de trouver les compétences dont les ont besoins. En Côte d’Ivoire, l’inadéquation entre les compétences des diplômés et les exigences du marché du travail est une problématique majeure. Une étude approfondie intitulée « Mesures et déterminants de l’inadéquation compétences-emploi en Côte d’Ivoire » a été réalisée en 2019. Elle montre un taux global d’inadéquation de 75,87 % sur le marché du travail ivoirien. Composé d’une sur-éducation qui concerne 61,38 % des travailleurs, et de la sous-compétence qui touche 59,19 % d’entre eux. Ceci concerne particulièrement les titulaires de BTS, de Licence et Maîtrise, ainsi que ceux occupant des emplois sans contrat formel. Rappelons que 400 000 jeunes arrivent sur le marché du trvail chaque année, dont 30 000 BTS. Il est donc urgent de travailler ensemble, pouvoirs publics – entreprises – écoles, pour agir et réduire l’inadéquation emploi-formation.
Le second défi est de faire monter en compétence leurs collaborateurs qui ne peut être résolu en ayant seulement recours à la formation dite « continue ». De gros investissements ont été faits par le gouvernement ivoiriens pour mettre à niveau et revitaliser l’enseignement technique et la formation professionnelle. C’est pourquoi , nous accompagnons par exemple les initiatives du METFPA dans la valorisation des acquis de l’expérience (VAE) et la création de Certificats de Qualifications Professionnelles (CQP). Nous avons aussi créé au niveau d’Eranove Academy des « passerelles » qui permettent à des collaborateurs de niveaux BAC ou BAC+2 de reprend, tout en travaillant, un cycle diplômant sur des métiers d’avenir.
4. Comment votre commission a-t-elle renforcé son rôle de facilitateur entre le secteur privé et le secteur public ?
La Commission Éducation & Formation entretient un dialogue constant avec les acteurs clés du secteur, à travers des réunions de travail régulières avec le METFPA, le FDFP et l’AGEFOP. Elle était également représentée le 29 janvier 2025 lors du Forum International des Métiers et des Compétences (FIMEC), organisé par l’AGEFOP, à travers ma participation à un panel de haut niveau.
Par ailleurs, la commission contribue activement aux conseils de perfectionnement de l’UFR-SSMT de l’UFHB et du CNAM-INPHB. Ces instances ont pour objectif d’aligner les formations universitaires et professionnelles sur les besoins réels en compétences des entreprises, afin d’améliorer durablement l’employabilité des jeunes.
5. Quelles sont les priorités de votre commission pour cette année et quels résultats espérez-vous atteindre ?
Cette année, notre priorité est de mieux comprendre les besoins de nos membres pour orienter efficacement nos actions et améliorer notre interaction avec les pouvoirs publics. Nous vous invitons à participer activement au Baromètre RH d’EUROCHAM, un outil clé pour exprimer vos défis en formation, employabilité et compétences. Vos retours permettront d’identifier les écarts de compétences et de renforcer notre plaidoyer pour des solutions adaptées aux enjeux actuels du marché du travail.
Nous sommes également déterminés à sceller de nouveaux partenariats stratégiques avec d’autres institutions pour créer des synergies qui répondent aux besoins de formation et d’employabilité. Enfin, nous allons étendre notre programme de coaching pour étudiants afin de dépasser les 650 participants de 2024, et ainsi accompagner encore plus de jeunes vers le marché du travail.