L’économiste et fondateur du groupe Bank of Africa est le grand invité de l’économie RFI-Jeune Afrique.
En 1982, avec deux associés, l’ancien ministre ivoirien du Plan Mohamed Tiékoura Diawara et le commerçant malien Boureima Sylla, Paul Derreumaux a fondé à Bamako Bank of Africa (BOA), devenu aujourd’hui un imposant groupe panafricain, avec environ 8 milliards de dollars (7,2 milliards d’euros) de total d’actifs.
En retrait depuis la prise de contrôle de l’entreprise par le marocain BMCE Bank, l’économiste est resté au Mali, dont il a la nationalité et où il opère dans l’immobilier. Chroniqueur prolixe, il vient de publier Ombres et lumières d’Afriqueaux éditions NEI Ceda.
Bancarisation
Dans l’UEMOA, elle est aujourd’hui au-dessus des 10 %, contre moins de 5 % il y a vingt ans. Mais il est vrai que l’Afrique francophone a pris beaucoup de retard par rapport à d’autres régions subsahariennes, notamment en matière de création d’agences. De plus, le goût pour la modernisation et l’innovation y est moins fort qu’en Afrique de l’Est.
Hégémonie marocaine
Je crois qu’elle a atteint une limite en Afrique de l’Ouest, et il me semble que la Commission bancaire et la Banque centrale le pensent aussi. Il n’est pas souhaitable que le secteur bancaire soit dépendant de groupes venant d’autres pays. Le contrôle de plusieurs groupes par un même pays peut en effet poser des problèmes. Les choix des actionnaires peuvent ne pas coller aux objectifs nationaux.
Mali
Son taux de croissance n’est pas suffisant. Il faut que d’autres secteurs, comme l’industrie ou des services modernes, se développent. L’industrialisation est toutefois rendue délicate par l’enclavement du pays et le manque de formation. Le Mali a tout de même du potentiel, notamment dans la transformation des produits agricoles.
Afrique-France
Malheureusement, malgré les annonces, je ne suis pas sûr que nous ayons beaucoup évolué dans le sens d’une refondation des rapports entre la France et l’Afrique. Et plus le temps passe plus ces relations vont se banaliser. Il y a toujours une certaine peur de la part des entrepreneurs français.
Sahel
Je suis très inquiet pour cette région. L’augmentation démographique est considérable, et je ne vois pas aujourd’hui un rythme de création d’emplois permettant d’absorber les jeunes arrivant sur le marché du travail. Il y a donc un risque d’explosion très important.
avec jeuneafrique