Le Bureau politique du PDCI-RDA réuni en urgence à Daoukro, le 24 septembre 2018, a décidé de sa participation aux élections locales du13 octobre 2018, sans qu’Alassane Ouattara n’ait donné satisfaction aux conditions de transparence émises quelque temps auparavant par l’opposition politique crédible et responsable appuyée par la société civile ivoirienne et la communauté internationale.
Trois mois auparavant, soit le 17 juin 2018, le Bureau politique du PDCI élargi au Comité de sages avait noté «la détermination du parti à reconquérir le pouvoir en 2020 et invité ses militants et militantes à se mobiliser massivement pour participer activement à la révision de la liste électorale». Plus pré- cises, les jeunesses de la plateforme politique Ensemble pour la Souveraineté et la Démocratie (EDS, opposition) et du PDCI avaient dé- cidé, au cours d’une rencontre le 30 août 2018 à la Maison de la Presse à Abidjan, «d’actions concertées pour obtenir la réforme de la Commission électorale indépendante (Cei) avant les élections locales du 13 octobre 2018». Henri Konan Bédié lui-même avait aussi chargé plusieurs vice-présidents dont Charles Konan Banny et des sages de plancher sur la question de la participation de leur parti aux élections locales du 13 octobre 2018. Cette commission, selon des sources bien informées, aurait plaidé pour «une position ferme» et certains cadres du parti, dont Jean-Louis Billon, auraient souhaité voir leur parti «conditionner sa participation au processus électoral par la réforme de la Cei». Du boucan pour rien ! Le Bureau politique du vieux parti a opté pour un rétropédalage digne d’un reniement peu glorieux.
Le parti légué par Houphouët-Boigny à Henri Konan Bédié prend ainsi de gros risques sur son avenir, vu qu’il se jette à l’eau, sous Ouattara, alors que de nombreux problèmes lui sont posés. D’abord, la réforme de la Commission électorale indé- pendante qu’il a vivement demandée n’est pas obtenue, alors que sa sortie du RHDP rend davantage dés- équilibrée cette commission. Ensuite, de hautes personnalités se réclamant encore du PDCI-RDA continuent de sié- ger au gouvernement «rHDp unifié» alors que le Bureau politique du 24 septembre a «endossé le retrait du processus de mise en place du parti unifié et du groupement rHDp». Pis, nombre de cadres en rupture de ban avec le PDCI se font investir comme des candidats RHDP unifié et se présentent sur le terrain comme des candidats PDCI. Alors, en raison de ce cafouillage peu honorable, une honteuse bataille juridique sans issue est engagée autour du logo du PDCI-RDA : Des cadres qui préfèrent garantir leurs «repas» auprès de Ouattara que de s’engager dans la lutte contre la liquidation de leur parti utilisent les emblèmes du PDCI au bénéfice du RHDP unifié. Avec le logo du parti, ils créent la confusion qui peut compromettre les performances du PDCI dans maintes localités. Voyant tout cela venir, Henri Konan Bédié, dans son discours d’orientation du Bureau politique du 24 septembre 2018, a dénoncé «l’intimidation et le débauchage de nos cadres, l’utilisation frauduleuse de notre logo, le refus du chef de l’etat de reporter les élections locales en vue de la ré- forme de la Cei, conformément à l’arrêt de la Cour africaine des Droits de l’Homme et des peuples, ainsi que le laissait entendre son discours à la nation du 6 août 2018».
Tous ces problèmes sont causés au PDCI par Ouattara, visiblement pour faire mordre la poussière au vieux parti et pour humilier Bédié pour son outrecuidance. Enfin, sans minimiser les forces (cachées) sur lesquelles le PDCI semble compter, l’évidence est qu’Alassane Ouattara et son clan vont s’offrir le plaisir de laver l’affront subi dans le dossier RHDP, avec l’aide de son instrument favori qu’est la CEI de Youssouf Bakayoko. Ils vont laminer le PDCI par une victoire écrasante du RHDP unifié à ces élections locales. Le PDCI ayant lui-même baissé pavillon pour attendre le coup de fouet. Qui vivra verra.
Avec lecridabidjan