Actuellement, pour le boulot, je ne suis pas à la maison 2/3 jours par semaine. Poupette est à la crèche la journée, avec son papa le soir, et quand le papa bosse le soir, avec la baby-sitter. Tout roule. La laisser est un peu difficile mais finalement, quand on est pris par le rythme de son boulot, on n’y pense pas vraiment. C’est comme ça.
Je discutais avec un collègue — homme, le collègue — qui lui aussi a un enfant et qui doit également passer quelques jours par semaine loin de chez lui. On parle donc de cette situation, des difficultés pour nous qui sommes loin et surtout pour ceux qui doivent gérer le quotidien seul, et il me dit :
C’EST PLUS DIFFICILE POUR LA MAMAN DE S’ÉLOIGNER
Et là de me parler du quotidien, du côté maternant de la maman, etc. Il me dit que sa fille, quand elle a un bobo, c’est vers sa maman qu’elle se tourne.
Une maman, c’est plus maternant ?
Je pense que, mon amoureux et moi, nous avons été des privilégiés. Nos boulots nous ont permis à tous les deux de rester longtemps à la maison, de s’arranger avec les horaires, de travailler de chez soi, pendant les premiers mois de Poupette. Elle avait donc avec elle, la plupart du temps, son papa et sa maman. Nous nous sommes tous les deux levés la nuit (bon, j’avoue, moi moins souvent !), nous avons tous les deux donné le biberon (je n’allaitais pas), nous avons tous les deux donné le bain, changé les couches, nous avons cajolé, nous avons rassuré, nous avons bercé. Nous avons aussi joué, beaucoup, fait les foufous, nous nous sommes promenés.
Alors quelle différence ? Poupette distingue-t-elle qui est maman et qui est papa, ou plutôt qui est maternant et qui ne l’est pas ? Je dirais plutôt qu’elle alterne ses préférences : elle a des moments clairement papa, d’autres clairement maman. Au début, quand je revenais de mes 2/3 jours, elle demandait beaucoup mes bras. Mais n’était pas malheureuse de ne pas me voir pendant ce temps-là. De la même manière, certains jours elle veut que ce soit moi qui lui donne son biberon le matin, d’autres jours ce sera son Papa. Quand elle se fait un bobo, elle va voir son papa ou moi, c’est selon.
Donc cette histoire de maternage, où en est-on ? Quand on parle des « nouveaux papas » souvent on utilise le terme de paternage. En effet, étymologiquement, le terme maternage est lié à la maman. Faut-il pour autant inventer un nouveau terme ? Ou alors ne suffit-il pas de démotiver le terme maternage ? En linguistique, on dit qu’un terme est démotivé lorsqu’il n’est plus rattaché sémantiquement à son sens d’origine. Une baïonnette, par exemple, n’a plus grand chose à voir avec la ville de Bayonne, alors qu’étymologiquement une baïonnette a été inventée à Bayonne. Bref, reprenons notre propos. Aujourd’hui, le maternage n’est plus l’apanage des mères, et heureusement. Le maternage est relié à l’action de cajoler, rassurer, panser les plaies, bisouter, câliner, protéger. Et les pères font ça très bien. On voit d’ailleurs ça très bien dans les familles où il n’y a pas de maman – deux papas, ou un papa solo –, les enfants ne manquent pas d’être, inexorablement, maternés. Et heureusement.
Quelle différence entre son papa et moi, alors ? Je l’ai portée pendant neuf mois à l’intérieur de moi, et ça doit faire une différence. Nous sommes du même sexe et ça fait ou en tout cas ça fera certainement une différence. Son papa est le plus beau des hommes, et Œdipe viendra certainement nous faire un jour un petit coucou. Mais quand il s’agit de s’occuper d’elle, de la materner, il n’y a aucune différence. Elle a un papa et une maman, et c’est le fait que nous sommes deux êtres différents, avec des histoires et des personnalités différentes, qui fait qu’elle fait la différence entre nous, et pas le fait que la société nous imposerait un comportement différent par rapport à elle.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Quelle(s) différence(s) voyez-vous entre une maman et un papa ?
avec lapolygraphe