Enumérant les souffrances subies par le peuple algérien pendant la période de colonisation, et s’exprimant dans la langue du pays hôte, la France, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a qualifié le million et demi de martyrs algériens de «morts». La séquence, prise d’une vidéo diffusée par des chaînes de télévision algériennes, a aussitôt soulevé une vague d’indignation sur les réseaux sociaux, lui reprochant un manquement grave à la mémoire des martyrs de la Guerre de libération nationale.
Le Premier ministre connaît pourtant très bien, d’abord en tant que chef d’un parti se réclamant de Novembre, le poids des mots et leur sacralité lorsqu’on parle généralement de la Révolution et de ses symboles, et n’ignore pas la sensibilité qu’elle suscite chez les Algériens.
Cela dit, cette «désacralisation» des victimes algériennes de la guerre dans le laïus d’Ahmed Ouyahia devant une assistance composée des représentants de plusieurs pays ne cache certainement aucune volonté réelle chez lui de minimiser le «martyre» des Algériens. Car, dans le fond, le choix du mot «morts» à la place de «martyrs» ne change en rien au sens du discours.
L’a-t-il fait par souci de ne pas apparaître comme «ringard» ou «nationaliste zélé» ? Le président français, Emmanuel Macron, dans un discours à l’ouverture de la cérémonie de commémoration du centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale avait qualifié le nationalisme d’exact contraire du patriotisme ; il en est la «trahison».
Avec algeriepatriotique