Emmanuel Macron entame ce 3 mai une visite en Nouvelle Calédonie à la veille de la commémoration de la répression d’Ouvéa par le gouvernement français en 1988 et à quelques mois d’un référendum d’autodétermination qui doit avoir lieu en novembre.
Emmanuel Macron est arrivé ce 3 mai en Nouvelle-Calédonie pour une visite jugée sensible, à six mois du référendum sur l’indépendance de ce territoire. Le président a notamment prévu un déplacement à Ouvéa, 30 ans après les sanglants événements dans une grotte de cette île au nord-est de l’archipel. «Ce sera d’abord l’occasion (…) de consacrer des moments importants de notre histoire commune, des moments qui ont pu être parfois douloureux, comme ceux que nous aurons à commémorer», a déclaré Emmanuel Macron citant «l’anniversaire des 30 ans d’Ouvéa».
Il sera le premier président français à se rendre dans la province des îles Loyauté, à Ouvéa, théâtre le 5 mai 1988 de l’assaut meurtrier contre la grotte où des indépendantistes du FLNKS retenaient des gendarmes en otages.
Mais à Ouvéa, ce déplacement divise. Le comité de Gossanah (tribu au nord de l’île) a menacé de l’empêcher. L’Elysée souligne que ce comité est minoritaire, et indique avoir eu l’assurance des autorités coutumières pour la sécurité du déplacement. Selon l’Elysée, le président «veut honorer les morts, les familles, mais aussi saluer toutes les réconciliations» qui ont eu lieu depuis entre les familles et les gendarmes.
Le chef de l’Etat prononcera un «grand discours» au Théâtre de l’Ile, toujours le 5 mai, date anniversaire de l’accord de Nouméa de 1998 qui a mis un terme aux violences et entamé un processus de décolonisation par étapes, ouvrant la voie au référendum d’autodétermination, prévu le 4 novembre.
Un référendum historique
Prévu le 4 novembre, le référendum sur l’autodétermination de la Nouvelle Calédonie est attendu depuis 30 ans. Alban Bensa, anthropologue, spécialiste de l’archipel a livré son analyse pour RT France. Selon lui, si le oui l’emportait, «la citoyenneté calédonienne serait refondée […] et cela nécessiterait un travail de concertation entre les différentes composantes de la population calédonienne»
Emmanuel Macron a affirmé respecter ce vote, «une première», assurant que quel que soit le résultat, ce dernier serait respecté. Il a également souhaité éviter que ce ne «soit un moment de tension inutile». Lors de sa campagne présidentielle, Emmanuel Macron avait pourtant exprimé le choix que l’archipel reste français. Selon un sondage de l’institut local I-Scope en partenariat avec la télévision Caledonia, publié mercredi, les opposants à l’indépendance devraient largement l’emporter.
RT est allé en Nouvelle Calédonie à la rencontre des différents acteurs politiques et d’habitants de l’archipel.
Autre geste fort attendu ce 5 mai : Emmanuel Macron remettra au gouvernement calédonien l’acte de prise de possession de la Nouvelle-Calédonie, le 24 septembre 1853, signé par le contre-amiral Auguste Fébvrier-Despointes au nom de Napoléon III, lors d’une cérémonie au Centre culturel Tjibaou.
Dès son arrivée, Emmanuel Macron devait rencontrer les membres du Sénat coutumier kanak, qui souhaitent que le président qualifie de «crime contre l’humanité» la violence de la colonisation de l’archipel. Du côté de l’aile la plus à droite du camp des non-indépendantistes, on estime que la visite présidentielle est trop tournée vers l’identité kanak. Une «marche bleu blanc rouge» est prévue le 4 mai à Nouméa.
Avec rtfrance