Sous tensions inflationnistes depuis plus de deux ans, l’Ouganda a connu une décélération de l’inflation au mois d’août. Résultat : le pouvoir d’achat des citoyens est en hausse. Alors que certains pronostics tablent sur une tendance baissière tout le reste de l’année, la prudence reste de mise.
Les citoyens ougandais vont pouvoir souffler un peu. L’inflation en a chuté à 5,2% en août, contre 5,7% le mois précédent, soit une baisse de 0,5 point de pourcentage, selon les derniers chiffres du Bureau des statistiques d’Ouganda (UBOS). Résultat : le consommateur ougandais s’en sort avec une hausse de son pouvoir d’achat.
Dans les détails de l’institution, cette performance est attribuable à la baisse de l’inflation des cultures vivrières qui a terminé à 11,8% en août, alors qu’elle était de 12,9% le mois précédent. En première ligne les fruits dont l’inflation sur les prix à chuté à 17,4% sur la période, contre 24,2% auparavant. La décélération a également eu de l’effet sur les prix des produits et services tels que l’habillement et les télécommunications
Dans le même sens, l’inflation sous-jacente, qui exclut les aliments, l’électricité et les eaux mesurées, est également tombée à 4,1% sur la période, contre 4,5% précédemment, d’après la même source. Une réalisation bien au-delà des espérances de la Banque centrale ougandaise qui s’attendait, dans le contexte actuel, à une baisse de l’inflation sous-jacente à 5% maximum. « L’inflation de base a diminué en raison d’une baisse du coût des services tels que l’éducation, la santé et les transports à 3,3% en août par rapport à 4,0% pour la période sous revue », a déclaré Sam Kaisiromwe, statisticien senior à l’UBOS.
Vers une tendance baissière continue ?
A Kampala, les économistes s’attendent à ce que l’inflation poursuive une tendance baissière tout le reste de l’année. « Avec les changements saisonniers et l’abondance de nourriture, l’inflation va baisser », a expliqué à New Vision Fred Muhumuza, économiste principal et chargé de cours à l’Université Makerere.
C’est à peu près ce que pense aussi l’expert international Coface qui, dans son analyse prévisionnelle sur l’économie ougandaise en 2017, prévoit une « stabilisation » de l’inflation qui devrait bénéficier au consommateur. « De meilleures récoltes et une relative stabilité du cours du shilling, limiteraient la hausse des prix des biens alimentaires », indique l’analyse. Toutefois, celle-ci nuance, estimant que d’autres facteurs pourraient compromettre un changement assez conséquent : « le dynamisme de la demande intérieure et une facture pétrolière qui ne devrait pas baisser, pourraient empêcher une réelle réduction des tensions inflationnistes ».
Depuis les années 2010, l’inflation moyenne annuelle en Ouganda oscille beaucoup. Elle est restée au-dessus des 5% depuis 2015, approchant même les 7% pendant certains mois. Une situation qui n’est guère confortable pour Kampala qui doit régulièrement faire face au mécontentement de la population, surtout dans un contexte où la longévité au pouvoir du président Yoweri Musevini (depuis 1986) dérange de plus en plus.
Réélu pour un mandat de cinq ans à l’issue des élections de février 2016, le locataire de la State House de Kampala a jusqu’à 2021 pour mettre en œuvres les différentes mesures qu’il envisage pour le rayonnement économique de son pays. Mais au regard de ce qui se passe ailleurs en Afrique -notamment au Kenya actuellement- les observateurs en Ouganda s’attendent déjà à d’éventuels soulèvements au cours des prochaines années si la question du pouvoir d’achat n’est pas résolue.
Avec latribuneafrique