A l’occasion de la Journée internationale de la tolérance zéro pour les mutilations génitales féminines (MGF) célébrée ce mardi 6 février, ONU Femmes, le bras de l’ONU pour la défense des droits des femmes, a nommé sa nouvelle ambassadrice de bonne volonté pour l’Afrique, la première du genre. Retour sur son parcours.
Jaha Dukureh est désormais Ambassadrice de bonne volonté d’ONU Femmes pour l’Afrique, indique dans un communiqué de presse l’organisation internationale relevant des Nations Unies et dédiée à la promotion de l’égalité des sexes qui a saisi l’occasion de la Journée internationale de la tolérance zéro aux mutations génitales féminines célébrée ce mardi 6 février pour l’annoncer.
Symbole de la lutte anti-MGF
Et l’annonce de sa nomination ce jour ne relève pas d’une coïncidence. Déjà, il s’agit du tout premier poste du genre au sein de cette instance onusienne qui signe cette année huit ans d’existence et Jaha représente un symbole de la lutte anti-MGF et anti-mariage précoce.
Naturalisée américaine en 2015, elle est née en 1989 en Gambie. Une semaine plus tard, elle se fait exciser. En 2004, elle n’a que 15 ans lorsqu’elle est victime d’un mariage arrangé avec un homme beaucoup plus âgé qu’elle rejoint tout de suite aux Etats-Unis. C’est donc au pays de l’Oncle Sam que la jeune fille de l’époque prendra conscience, quelques années plus tard, de ses droits et signera le début de son combat.
Libérée, de ce premier mariage, Jaha tente tout de suite d’emprunter la route de l’instruction. A 17 ans, elle est acceptée dans un lycée de New York et obtient en 2013 un Bachelor’s Degree en administration des affaires de la Georgia Southwestern State University. La même année, elle fonde Safe Hands for Girls, une organisation à but non lucratif militant pour la protection des jeunes filles et femmes des MGF et le soutien aux victimes de ces pratiques.
Femme africaine la plus influente au monde en 2016
Aux Etats-Unis, son travail a été remarqué par l’ONU dont elle a rencontré en 2015 le Secrétaire général d’alors, Ban Ki Moon. Grâce à son militantisme, Jaha a largement contribué au changement notamment dans son pays d’origine grâce aux actions menées aux côtés des organisations féminines et de la société civile. En décembre 2015, cela aboutira à l’interdiction par le chef de l’Etat d’alors, Yahya Jammeh, des MGF en Gambie.
Depuis lors, son travail ne cesse d’être récompensé. D’abord en 2016, elle est la seule femme africaine du Time 100, le classement des cent personnes les plus influentes du monde réalisé par le magazine américain Time. En mars 2017, The Guardian lui consacre un long métrage documentaire sur sa vie et son engagement dans la lutte contre mes MGF intitulé « La promesse de Jaha ». En décembre dernier, le magazine londonien New African la classe parmi les 100 Africains les plus influents de 2017 et l’African Diaspora Awards lui décerne le prix « Human rights activist, Humanitarian of the Year ».
« La voix de Jaha nous aidera »
En sa qualité d’ambassadrice d’Onu Femmes pour l’Afrique, Jaha aura pour mission de soutenir le plaidoyer d’ONU Femmes pour mettre un terme aux mutilations génitales féminines (MGF) et au mariage des enfants à travers le continent, en mettant l’accent sur la mobilisation des jeunes, selon le communiqué de l’organisation internationale.
« Son histoire est une leçon de courage qui nous dit clairement que les filles et les jeunes femmes sont capables et prêtes à changer le monde. […] Nous attendons avec impatience ses efforts et les voix des jeunes qu’elle mobilisera pour aider à mettre fin à ces pratiques néfastes. Son soutien renforcera le travail d’ONU Femmes et celui d’un large éventail de champions actuels », a déclaré la directrice exécutive d’ONU Femmes, Phumzile Mlambo-Ngcuka. Et d’ajouter : « Mettre fin aux MGF et au mariage des enfants est une vision d’un avenir changé. La voix de Jaha nous aidera à y arriver. »
Jaha, quant à elle, s’est réjoui de sa nomination, rappelant qu’elle s’engage une fois de plus pour des «problèmes [qui] sont personnels pour moi, ils font partie de mon histoire de vie». Désormais, du haut de ses 29 ans, cette épouse et mère ne nourrit qu’un rêve, celui de «voir le jour où aucun parent ne prend une décision qui va changer et limiter la vie de leurs filles».
Jaha Dukureh conduit aujourd’hui une marche dans les rues de Banjul où elle appelle à l’éveil des consciences.
Avec latribuneafrique