Les révélations s’enchaînent ! Après Denis Baupin, accusé de harcèlement sexuel, le ministre des Finances, Michel Sapin, est à son tour mis en cause pour un geste déplacé envers une journaliste. Ces affaires n’ont malheureusement rien de cas isolés. Beaucoup de femmes se plaignent d’avoir reçu des compliments déplacés sur leur lieu de travail. D’après un sondage LH2, 42%* des femmes ont déjà eu des compliments lourds sur leur look et 59%* des hommes ont vu des femmes être lourdement félicitées.
Question : peut-on féliciter une salariée pour son look ?
OUI
Bien sûr, si le supérieur hiérarchique, un homme dans notre cas d’école, sait y mettre les formes. Le compliment courtois sur une nouvelle coupe de cheveux ou un nouveau tailleur est une marque d’attention qui humanise tout bonnement les relations de travail. Apprécier le soin qu’une collaboratrice a apporté à son allure, c’est aussi lui renvoyer une image positive d’elle-même. A cela peut s’ajouter une dimension proprement managériale. Toute entreprise, fût-elle “cool”, souhaite véhiculer une certaine image. Et peut donc demander à ses salariés de respecter un code vestimentaire, par exemple dans la cosmétique ou le tourisme. Dans ce cadre, féliciter un salarié peut être une façon discrète de lui faire comprendre que sa tenue est plus en adéquation avec le standard de l’entreprise que précédemment. Pas de connotation sexuelle et rien de graveleux dans ce cas de figure.
NON
Si un manager a envie de se créer des ennuis, voilà une occasion toute trouvée. Car, même avec les meilleures intentions du monde, ses propos peuvent être mal interprétés. D’abord par la salariée elle-même. Celle-ci ne sait pas si son supérieur se veut juste aimable ou tente de la séduire. De plus, dans ce domaine, un propos devient vite maladroit. Si l’ambiance dans le service est bonne, cela aura peu d’incidence. Mais si elle se dégrade, le risque d’accusation de harcèlement existe. Faut-il rappeler que, juridiquement, un salarié est maître de son apparence, sauf avis explicite de l’employeur en fonction de la nature des tâches ? En outre, l’équipe où travaille la collaboratrice pourrait en prendre ombrage : “Ne serait-elle pas sa chouchoute ?” Mieux vaut donc s’en tenir à des relations purement hiérarchiques et limiter les remarques à caractère trop personnel. Quitte à paraître un peu indifférent.