Entretien avec Partheeban Theodore, vice-président d’Olam et directeur général d’Olam Côte d’Ivoire par CommodAfrica.
Olam Côte d’Ivoire a un fort positionnement dans la transformation en Côte d’Ivoire tant dans le cacao que l’anacarde. Dans le cacao, vous avez doublé vos capacités de transformation à San Pédro et avec le rachat de l’activité cacao d’ADM en décembre 2015, Olam est devenu le premier broyeur de fèves en Côte d’Ivoire et un acteur mondial majeur de la transformation du cacao aux côtés de Cargill et Barry Callebaut. En vous positionnant sur la première transformation, quelles sont les retombées attendues par Olam ?
Notre objectif est de nous positionner parmi les meilleurs, pour chacune des spéculations dans lesquelles nous intervenons. Nous avons pris l’option de la transformer localement certains produits que nous avions coutume d’exporter bruts. Dans cette veine, nous avons commencé par la transformation de l’anacarde depuis déjà quelques années, puis renforcé notre position dans ce secteur. Plus récemment, nous avons mis en œuvre cette stratégie dans le secteur du cacao. L’objectif est d’ajouter de la valeur aux produits traditionnellement exportés bruts.
Pour le cacao, l’acquisition d’ADM Cocoa signifie la complète intégration d’OLAM Cocoa de la fève jusqu’à l’offre de produits du cacao (poudre, beurre et liqueur). Nous pouvons ainsi satisfaire la demande de nos clients internationaux sous la forme de fèves pour lesquelles nous pouvons offrir toutes les principales origines ou sous forme de produits transformés, avec des unités de broyage dans les principaux pays tant producteurs que sont, la Cote d’Ivoire, le Nigeria, le Ghana et le Brésil, que consommateurs en Europe, aux USA, au Canada et en Asie.
Pour l’anacarde, un des points négatifs de la campagne 2015, qui a été par ailleurs excellente tant en termes de prix que de volume, a été la grande difficulté des transformateurs. Quelles mesures devraient prendre le gouvernement, qui par ailleurs a pour objectif de développer la transformation, pour soutenir le secteur ?
Le gouvernement ivoirien est engagé dans un programme de transformation locale des matières premières agricoles, c’est le cas pour le cacao mais également pour l’anacarde, produit pour lequel la Cote d’Ivoire est devenu un acteur important. Des réflexions sont en cours au niveau du gouvernement et des différentes autorités. Le Conseil du coton et de l’anacarde a récemment annoncé quelques mesures intéressantes et nous attendons avec impatience les détails. Compte tenu de l’engagement du gouvernement à développer cette industrie, je ne doute pas que la Côte d’Ivoire deviendra un pays de transformation très compétitif et prospère. Olam a pris des mesures d’avant-garde dans ce sens et nous attendons avec impatience de travailler davantage en collaboration avec le gouvernement et les transformateurs ivoiriens.
Le groupe Olam détient aussi des unités de transformation de cajou en Inde et au Vietnam, principaux pays de noix de cajou transformée, l’unité en Côte d’Ivoire est-elle compétitive par rapport à ces pays ?
Dans les conditions actuelles, on peut dire que la transformation en Côte d’Ivoire fait face à des problèmes de compétitivité. L’Inde et le Vietnam bénéficient d’avantages naturels de taille, d’échelle, d’expérience mais aussi de grands marchés locaux et régionaux pour la production, un marché développé pour les sous-produits et de qualité inférieure, une main-d’oeuvre qualifiée, abondante et en évolution rapide et une technologie rentable fabriquée dans leur propre pays. Pour ces raisons, l’Inde et le Vietnam restent aujourd’hui les destinations privilégiées des investissements dans le traitement de la noix de cajou.
En Côte d’Ivoire, l’industrie est naissante et a besoin de renforcer ses compétences et ses capacités pour être en mesure de rivaliser. C’est un secteur avec un coût de production relativement plus élevé. Il faudra du temps pour développer des économies d’échelle et un écosystème qui amélioreront sa compétitivité. Le cadre politique approprié pour contribuer à réduire à la fois le coût de l’investissement initial et les coûts de production est d’y associer des incitations fiscales attrayantes sur la base de la production transformée. Cela permettra de soutenir l’activité des transformateurs mais aussi de donner à l’industrie le temps indispensable pour développer le bon écosystème industriel.
Une partie de votre production de cajou est certifiée bio et équitable, c’est à vos yeux un marché d’avenir ou cela restera un marché de niche ? Ces produits sont destinés à des marchés spécifiques ?
Le développement durable occupe effectivement une place de choix au sein de toutes nos activités.
Notre entreprise est engagée dans de nombreux projets de développement durable et responsable au sein de la filière anacarde en Cote d’Ivoire. Notre politique est de soutenir et de former les producteurs individuels et les coopératives pour les amener à cultiver de façon durable la noix de cajou. Pour ce faire l’approvisionnement de chacune de nos usines se fait via des programmes d’achat durable, équitable et en respectant les normes de l’agriculture biologique.
Plus de 3 100 producteurs de la zone de Bondoukou fournissent des noix de cajou biologiques à notre usine de Dimbokro. L’usine de Bouaké, quant à elle, reçoit la production de près de 15000 producteurs vivant autour du site.
Les consommateurs des amandes de cajou en Europe et aux Etats Unis sont très sensibles aux problématiques de traçabilité, de durabilité et d’agriculture biologique. Nous sommes donc à l’écoute de notre marché.
En 2013, vous avez cédé votre activité laitière en Côte d’ivoire au groupe néerlandais Royal FrieslandCampina, deux ans après son inauguration. Quelles ont été les raisons de cette vente ?
Nous nous concentrons sur les secteurs où nous avons un avantage compétitif et durable en Côte d’Ivoire c’est à dire les secteurs cacao, café, anacarde, coton et hévéa.
Quels sont vos objectifs pour 2016 ? Envisagez-vous de nouveaux investissements en Côte d’Ivoire dans les années à venir ?
Nous sommes optimistes quant aux orientations du gouvernement visant à promouvoir l’industrie locale et à résoudre les problèmes de compétitivité. Nous attendons avec beaucoup d’intérêts les résultats des différentes discussions qui ont lieu entre le gouvernement et les structures de représentation des secteurs concernés. Une industrie compétitive devrait être plus attractive du point de vue des investisseurs.
Avec commodafrica