L’émergence de nouveaux contextes et types d’emplois exige des changements continus des connaissances et des compétences individuelles pour développer son employabilité à l’intérieur et l’extérieur de l’entreprise. Cette nouvelle économie nécessite des salariés capables de mettre à jour en permanence leurs compétencesstimuler et accompagner les évolutions imposées par le marché.
Nous devons prendre également en considération une résurgence des apprentissages professionnels informels qui représentent le meilleur moyen de développement des compétences par soi-même en tirant des leçons de sa propre expérience professionnelle face aux bouleversements technologiques quotidiens de son activité.
Vers un apprentissage permanent
L’action d’apprendre, volontaire ou contrainte, formelle ou informelle touche tous les âges et tous les secteurs d’activités. Elle pousse à une révision de son stock de connaissances afin de saisir, d’exploiter d’un bout à l’autre de son existence toutes les occasions de mettre à jour, d’approfondir et d’enrichir cette connaissance première, et de s’adapter à un monde changeant.
En effet, les formes variables des fonctions, des métiers ont transformé le salarié du XXIe siècle en travailleur du savoir qui est appelé à privilégier l’autonomie, la transformation de l’information, l’innovation, l’articulation d’idées et de concepts. On assiste à une véritable explosion de métiers nouveaux fondés sur la connaissance et le savoir qui nécessite un apprentissage continu.
L’apprenant permanent devient celui qui se concentre sur ses garanties d’employabilité, qui cherche à exploiter les ressources qui lui sont utiles pour son développement vocationnel.
La somme des savoirs augmente de façon exponentielle sous la forme d’informations disponibles, cependant toutes ces informations doivent être assimilées pour constituer du savoir. L’ensemble de ces données va devoir être structuré pour être interprété et cela va exiger de bonnes capacités cognitives.
Hacker son propre emploi de demain : quelles dispositions ?
C’est-à-dire réapprendre à penser par soi-même et oser la connaissance, inventer, innover. Il va falloir changer de façon de travailler, réaliser des ruptures, trouver de nouvelles collaborations, capitaliser, partager nos expériences, trouver des espaces apprenants pour se ressourcer et explorer de nouvelles idées d’orientation professionnelle. Ce sera le prix à payer pour créer de la valeur et initier un cercle vertueux. Il importe aussi d’acquérir les compétences-clés suivantes : développer sa connaissance de soi, sa créativité, son sens critique, sa curiosité, apprendre.
Au cœur de cette approche, qui est de se prendre en main, se trouve la notion d’« enactment », empruntée à Weick (1996). L’ « enactment » peut être traduit par le terme « activation » qui met l’accent sur l’action.
En résumé, la notion d’« enactment » renvoie à celle de construction de la réalité, de mise en sens des expériences de l’individu par ce dernier. Dans la théorie des « boundaryless careers », ce concept est entre autres utilisé pour rendre compte des trajectoires nomades, « puisque du fait des discontinuités qu’elles comportent, elles confrontent en permanence les sujets à la relecture de leurs diverses expériences passées et à la construction d’une intelligibilité de ce passé sur laquelle s’appuyer pour faire advenir des opportunités et bâtir l’avenir ».
Apprendre à interroger et interpréter, à analyser les informations disponibles, est sans doute l’enjeu majeur de l’éducation aujourd’hui. En effet, l’imprévisibilité nécessite de reconsidérer ce qui est sans cesse menacé. On s’ajuste en fonction des situations et des temporalités, le projet professionnel s’adapte, s’affranchit de logiques linéaires et requiert une agilité et un pouvoir d’agir augmenté.
Vivatech 2018 en est une démonstration où l’âge du faire (2015) est exponentiel. En effet, la créativité, l’entrepreneuriat, les hackerspace, FabLab , Tech Shop constituent les espaces où le travail se métamorphose.
Tous ces « makers » sont aussi des salariés qui œuvrent à l’intérieur et à l’extérieur de l’entreprise et se développent eux-mêmes. Ils tentent de reconquérir de la liberté dans leur travail et parfois désobéissent aux indicateurs de performance qui organisent leur travail.
Les enjeux à retenir
Dans cette nouvelle perspective, le parcours professionnel est conçu comme dépendant de la personne et non de l’organisation. Le projet de formation est plus soucieux d’aménager le présent transitionnel que d’anticiper. Il s’agit maintenant d’acquérir des compétences, connaissances, habiletés, attitudes nécessaires pour multiplier les expériences professionnelles. La raison de s’engager en formation sera centrée sur une logique d’orientation professionnelle, de gestion de carrière ou de recherche d’emploi.
Cette société du savoir, de services prend la forme d’un parcours aléatoire qu’on ne peut plus prédire. Chaque trajectoire professionnelle est devenue davantage un processus individuel, certes influencé par des facteurs environnementaux, cognitifs, personnels.
Les capacités d’apprendre quelque chose d’inédit, mais surtout développer les façons de s’y prendre et les capacités à détecter comment s’y prendre vont contribuer à hacker son emploi.
Avec forbes