Un régime riche en graisses causant l’obésité entraîne la destruction prématurée des connexions neuronales par les cellules immunitaires, d’après une nouvelle étude sur des souris.
L’alimentation riche en graisse menant à une obésitéentraîne une destruction prématurée des connexions neuronales par le système immunitaire, d’après une nouvelle étude publiée dans le Journal of Neuroscience. L’obésité est en effet liée à un risque augmenté de développer une démence, et en comprendre les mécanismes pourrait permettre de s’en protéger.
OBESITE ET DEMENCE. Touchant environ 650 millions de personnes dans le monde, d’après l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), l’obésité augmente notamment le risque de diabète, de maladies cardiovasculaires, de certains cancers… Et les déficits cognitifs, bien que ce soit moins connu. Ainsi, l’obésité est un facteur de risque de développer plus tard la démence ou la maladie d’Alzheimer. L’obésité est en effet une maladie entraînant une inflammation chronique de l’organisme depuis les tissus adipeux. Le pancréas, le foie ou encore le cerveau sont particulièrement touchés.
C’est pour éclaircir les raisons pour lesquelles l’obésité influe sur les risques de démence que les chercheurs de l’Université américaine de Princeton ont réalisé ces travaux. Pour cela, ils ont observé des souris après 12 semaines d’un régime riche en graisses. Elles pesaient alors près de 40% de plus que les souris ayant consommé une alimentation standard. Les scientifiques ont alors découvert que les souris obèses présentaient des signes de diminution de l’intelligence cérébrale. Elles avaient plus de mal à échapper aux labyrinthes et à se souvenir de l’emplacement de l’objet que les souris ayant un poids normal.
En y regardant de plus près, l’équipe s’est rendue compte que les neurones des souris obèses possédaient moins d’épines dendritiques que les autres dans l’hippocampe, zone cérébrale indispensable pour l’apprentissage et la mémoire. Les dendrites sont les excroissances tentaculaires des neurones qui leur permettent de communiquer l’influx nerveux – et donc l’information – aux autres neurones. Sur ces dendrites, des excroissances vont et viennent pour créer ce contact entre neurones porteurs d’information : on les appelle les épines dendritiques. Selon les chercheurs, cette destruction des épines dendritiques des souris obèses est causée par des cellules immunitaires spécialisées dans la protection du système nerveux central, appelées microglies. Ces dernières étaient ainsi retrouvées actives en plus grand nombre dans les zones touchées chez les souris obèses.
Cellules nerveuses provenant d’une partie de l’hippocampe de la souris, une structure cérébrale importante pour l’apprentissage et la mémoire. Elles présentent de petites excroissances servant à la réception des messages appelées épines dendritiques. Une souris de poids normal avait plus d’épines dendritiques (en haut) qu’une souris obèse (en bas). Crédits : Journal of Neuroscience.
Pour prouver la responsabilité des microglies, les chercheurs ont empêché leur action chez les souris obèses. Résultat, les épines dendritiques sont restées intactes et les performances des souris aux tests de réflexion ont été améliorées. Selon les auteurs de la publication, Il se peut que chez les individus obèses, à la suite d’un régime riche en graisses, “la microglie passe à un état pathologique où elle détruit prématurément les nombres synaptiques dans les régions du cerveau critiques pour la fonction cognitive“. Le biais par lequel l’alimentation influe sur l’activation des microglies est encore inconnu et nécessitera d’autres travaux. A terme, ces découvertes pourraient permettre de trouver des moyens de stopper les dommages causés par la microglie, afin de protéger les individus concernés des troubles cérébraux liés à l’obésité.
Avec sciencesetavenir