Une molécule, administrée à des singes infectés par un virus proche du VIH, leur a permis de ne pas développer la maladie.
La molécule Q-VD-OPH n’a pas un nom que l’on retient aisément. Mais elle a une action plutôt simple : empêcher la mort de certaines cellules. Une équipe de chercheurs du CNRS, de l’université Paris-Descartes et du CHU de Québec s’est intéressée aux propriétés de ce peptide pour lutter contre l’infection par le VIH.
Dans une étude parue le 19 mars dans le Journal of Clinical Investigation, ils révèlent que l’administration de cette molécule à des singes infectés par le VIS (virus de l’immunodéficience simienne, très proche du VIH) a permis à leur organisme de limiter l’infection : ils n’ont pas développé le sida. Mieux, le réservoir du virus dans l’organisme a diminué.
Dans l’armée dont dispose le système immunitaire pour lutter contre les agents pathogènes, le lymphocyte T CD4 fait figure d’officier. Il coordonne notamment l’action des troupes au niveau local. Mais lors d’une infection par le VIH ou le VIS, il est le premier à tomber au champ d’honneur, en raison de ses récepteurs CD4, auxquels se lie préférentiellement le virus. Dans la phase aiguë de l’infection, les populations de lymphocytes T CD4 sont décimées par le virus lui-même, jusqu’à ce que l’organisme produise des anticorps dirigés contre le VIH.
Mais si le système immunitaire gagne cette première bataille, et produit à nouveau ces lymphocytes (aussi appelés LT4) en nombre, il est destiné à perdre la guerre. Le virus s’est en effet infiltré dans les organes-clés de l’immunité que sont les ganglions lymphatiques. Sortes de base arrière des défenses de l’organisme, où des LT4, dits mémoires, sont casernés. Là, il forme ce que l’on appelle un réservoir viral.
A ce premier stade de l’infection succède une phase dite chronique, où l’envahisseur et les défenses immunitaires jouent au chat et à la souris pendant plusieurs années sans symptômes apparents. Les LT4 continuent à mourir en nombre, sans forcément être infectés par le virus. Le stress de la réponse immunitaire tue des…