Les nominations d’Edouard Philippe et de Nicolas Hulot ont animé les dernières séances d’EDF. Entre craintes et espoirs, les investisseurs ne savent plus sur quel pied danser.
Depuis les premières nominations du gouvernement Macron, EDF fait le yoyo en Bourse. D’abord porté mardi (+7,08%) par l’arrivée au poste de Premier ministre d’Edouard Philippe, qui fut un temps lobbyiste d’Areva, les actionnaires de l’énergéticien ont toutefois très vite déchanté. Le lendemain, à l’annonce du gouvernement à 15 heures, les investisseurs apprennent la nomination de l’anti-nucléaire, Nicolas Hulot, au ministère de la transition écologique et solidaire. Résultat, l’action plonge rapidement et clôture en baisse de 6,57%, effaçant ainsi sa hausse de la veille. Pour Andréa Tuéni, analyste marchés chez Saxo Banque, cité par Reuters: “il y a la crainte d’une ligne écologique plus stricte étant donné l’attachement historique et le combat mené par Hulot sur l’écologie”. EDF a d’ailleurs rapidement réagi à la nomination de Nicolas Hulot.
Lors de l’Assemblée générale du groupe, qui se tenait jeudi, le PDG Jean-Bernard Lévy a insiste sur le fait que le nucléaire était une source de production d’électricité “indispensable” pour l’indépendance énergétique de la France. Avant d’ajouter: “il est aussi dans l’intérêt national que la production nucléaire reste solide, performante et compétitive”.
Si finalement la séance de jeudi a été assez tranquille (+1,16%), celle vendredi a été plus animé (+3,19%) après les déclarations rassurantes sur France 2 de Nicolas Hulot. “Le nucléaire qu’on soit pour ou contre de toute façon on ne peut pas s’en passer demain matin. Il faut planifier la transition. Derrière le nucléaire, il y a des hommes et de femmes et donc les choses ne vont pas se dicter comme cela, il faut avoir une vision”.
De nombreux sujets de controverse
Malgré tout, les sujets de controverse entre le nouveau ministre et l’électricien français ne manquent pas. Tout d’abord, Nicolas Hulot devra veiller à la mise en oeuvre de la loi de transition énergétique, et notamment la réduction de 75% à 50% de la part du nucléaire dans la production électrique à l’horizon 2025. Cet dénucléarisation rapide risque donc une nouvelle fois de cristalliser les tensions entre les deux partis.
La centrale de Fessenheim, située dans le Bas-Rhin, va elle aussi alimenter les discussions entre les deux belligérants. Alors qu’elle devrait cesser de fonctionner lors de la mise en service de l’EPR de Flamanville en 2019, sa fermeture est contestée par des élus du Grand Est et les syndicats d’EDF. Toutefois, sur le plateau de France 2, Nicolas Hulot a confirmé que la fermeture “aura lieu dans la concertation”. De longues discussions en perspective donc qui risquent de pénaliser une fois encore EDF dont les finances sont au plus mal.
Un parcours boursier catastrophique
Avec une dette de 37 milliards d’euros, la société est mal en point financièrement et au plus bas en Bourse. Introduite à 32 euros en 2005, l’action s’échange désormais à un peu plus de 9 euros. Pourtant, en 2008, EDF était la treizième entreprise mondiale en termes de capitalisation boursière devant des géants comme Walmart, Total, Chevron, HSBC ou encore Alphabet, la holding qui chapeaute Google. Désormais, elle ne fait même plus partie du CAC 40 au grand dam de ses actionnaires.
Avec bfmbusiness