Le groupe de défense américain Northrop Grumman va construire le prochain bombardier américain à long rayon d’action, un contrat estimé à près de 50 milliards d’euros, a annoncé le Pentagone mardi 27 octobre. La commande porte sur une centaine d’appareils maximum, qui devraient coûter 511 millions d’euros pièce, selon des responsables, et entrer en service à partir du milieu de la décennie 2020.
Le futur bombardier, surnommé LRSB ou B-3, a vocation à remplacer la flotte vieillissante de B-52 – vestige de la Guerre froide très utilisé lors de la guerre du Vietnam – dont la moyenne d’âge est de 51 ans, et de B-1 qui sont entrés en service dans les années 1980. Le secrétaire à la défense, Ashton Carter, a fait savoir que le projet prévoyait des investissements importants dans les technologies de surveillance, dans les capacités de guerre électronique et dans les systèmes d’armement avancés. Mais les caractéristiques du nouvel avion sont pour l’instant entourées du plus grand secret.
L’appareil doit être en mesure d’emporter l’arme nucléaire, d’échapper aux défenses anti-aériennes les plus sophistiquées et d’emporter une grande quantité de bombes et de missiles sur de très longues distances. L’objectif est qu’il puisse se faufiler dans les espaces aériens les mieux protégés, comme ceux de Russie et de Chine qui ont investi des sommes énormes pour se doter de systèmes de missiles et de radars ultra-perfectionnés.
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Les géants Boeing et Lockheed Martin rejetés
L’expert en aviation Richard Aboulafia expliquait mi-septembre que la silhouette de ce futur bombardier serait proche d’une aile volante, comme le B-2. Ce modèle, construit déjà par Northrop, est en service depuis le début des années 1990. Il devrait pouvoir voler très haut, mais pas en vitesse supersonique pour des raisons d’autonomie, avait-il relevé. Il s’est dit surpris mardi par la victoire de Northrop. « C’est énorme, c’est un changement de donne de grande ampleur » pour ce groupe. Northrop Grumman était en effet en concurrence avec un consortium de géants de l’industrie aéronautique, composé de Boeing et Lockheed Martin.
Selon la société d’études BGA-Aeroweb, les membres du consortium cumulaient à eux deux près de 15 % du budget d’acquisition total du Pentagone, et Northrop seulement 3,25 %, avant ce contrat. Northrop s’était offert en février dernier lors du Superbowl, pic de spectateur annuel des télévisions américaines, quelques dizaines de secondes de publicité montrant brièvement un avion de type aile volante, dissimulé sous un voile.
Boeing et Lockheed Martin ont laissé ouverte la possibilité de protestations, fréquentes lors de l’attribution de gros contrats. Il s’agit du sixième programme d’armement le plus cher en cours au Pentagone, loin derrière celui de l’avion de combat F-35 (près de 400 milliards de dollars), et également le bouclier anti-missiles, les sous-marins des classes Virginia et Ohio, et les navires de combat DDG-51.
avec lemonde