Les équipementiers Nike et Adidas consacrent de plus en plus d’argent à parrainer des sportifs et rémunérer leurs actionnaires, mais toujours moins aux ouvriers, dénonce un rapport du collectif “Ethique sur l’étiquette” publié lundi.
Selon ce rapport, la course au “sponsoring” entre les deux marques, qui équipent 22 des 32 équipes en lice pour la Coupe du Monde de football qui commence jeudi en Russie, “n’a jamais été aussi vive”.
Il fait suite à un précédent rapport publié à l’occasion de l’Euro 2016.
Adidas a négocié avec l’équipe d’Allemagne un contrat à 65 millions d’euros, tandis que Nike a signé en 2016 le premier contrat de sponsoring à vie avec le footballeur Cristiano Ronaldo pour 25 millions de dollars par an, souligne le rapport.
Il affirme que dans le même temps, les deux marques “continuent leur désengagement de la Chine, où les salaires tutoient des niveaux proches du salaire vital”, au profit de pays comme l’Indonésie, le Cambodge ou le Vietnam, “où les salaires moyens sont inférieurs de 45% à 65% au salaire vital”.
Sur le prix d’une paire de chaussures, la part revenant aux ouvriers a baissé de 30% entre 1995 et 2017, affirme Ethique sur l’étiquette, membre de l’organisation “Clean Clothes Campaign”. “Si les équipementiers sportifs avaient maintenu les mêmes montants de sponsoring des clubs de foot qu’en 2015, les 226 millions d’euros économisés auraient permis d’assurer un salaire décent à plus d’un million de travailleurs en Asie”, fait remarquer le collectif.
Celui-ci dénonce un modèle économique dont l’objectif central est “la maximisation des bénéfices afin de rémunérer toujours plus les actionnaires”.
Le collectif exige des équipementiers “des pratiques garantissant un salaire vital aux ouvriers qui contribuent au premier plan à leur croissance économique sans égale dans le secteur”. “Le respect de conditions de travail justes et sûres et de salaires équitables dans les usines (…) fait partie intégrante de la politique commerciale d’Adidas et fait partie des arrangements contractuels avec nos fournisseurs”, a assuré Adidas, joint par l’AFP.
“Adidas exige que les employeurs paient au moins la rémunération prescrite par la loi ou négociée dans le cadre d’un processus de négociation collective. Cependant, les salaires sont déterminés, outre les conditions économiques et le coût de la vie d’un pays, par les lois nationales, le nombre et la disponibilité des travailleurs dans le pays, les qualifications et les compétences du travailleur, la nature du secteur ou du secteur et la compétitivité de l’employeur”, a ajouté la marque allemande, assurant que “le salaire net mensuel moyen des salariés dans les usines avec lesquelles Adidas travaille en Indonésie se situe bien au-dessus du salaire minimum actuel”.
De son côté, Nike a assuré que son code de conduite était aligné sur les standards de l’Organisation internationale du travail (OIT) et que ses produits sont fabriqués dans des usines qui font l’objet d’audits et doivent se conformer à ce code de conduite.
Celui-ci prévoit que “les fournisseurs doivent payer leur employés au moins au salaire minimum ou au salaire légal (le plus élevé des deux), incluant des primes pour les heures supplémentaires” et en conformité avec les législations sociales en vigueur. “Nous poursuivons nos échanges avec les gouvernements, fabricants, ONG, marques, syndicats et ouvriers pour soutenir un changement structurel de long-terme”, a ajouté un porte-parole.