Ce jeudi 2 juin, le gouvernement nigérian lance une vaste opération de nettoyage dans le delta du Niger, une région très polluée par les compagnies pétrolières notamment Shell, pourtant tenues d’effectuer des travaux de dépollution.
Shell, comme l’indique Amnesty International, est le principal pollueur de la région. En 2008 et 2009, après deux marées noires, le groupe n’aurait pas fait le nécessaire pour nettoyer les dégâts. En 2015, il a été relevé au minimum 130 déversements pétroliers dans la région et chaque année, des incidents pareils se répètent. Face aux critiques, la compagnie anglo-néerlandaise a toujours pointé du doigt les auteurs d’actes de vandalisme. Pour rappel, Shell exploite plusieurs dizaines de gisements dans la région et des pipelines qui s’étendent sur au moins 5 000 km.
De nombreux sites touchés par les déversements d’hydrocarbures résultant des activités de Shell dans le delta du Niger doivent encore être nettoyés. Même ceux qui, selon la multinationale, l’ont été par ses soins, demeurent encore pollués, indique RFI. La tragédie, c’est que les fuites d’hydrocarbures continuent de détruire les moyens de subsistance de milliers d’habitants de la région.
« L’étendue des dégâts est énorme », constate Mene Sylvester Kogbara, un leader de la communauté riveraine des Bodos. Et d’ajouter : « nos hommes ne peuvent évidemment plus aller pêcher. Les marchands de poissons qui se fournissaient auprès d’eux ne peuvent plus écouler aucun poisson. Résultat : ils ont mis la clé sous la porte. Donc, la perte de revenus est très grande pour la communauté », a déploré le responsable. En effet, la région abrite 32 millions d’âmes et représente l’un des dix principaux écosystèmes marins de zone côtière humide au monde.
Shell a commencé à y pomper du pétrole pour la première fois en 1958. Bien qu’ayant été traduit devant plusieurs tribunaux au Nigéria et à Londres, et après avoir versé environ 55 millions de livres sterling aux communautés locales, les plaintes persistent. « Chacun d’entre nous a reçu 2 700 euros, mais tout notre environnement est dévasté. On ne peut pas évaluer cette perte en termes d’argent. Notre espoir, c’est que tout soit fait pour restaurer cet environnement. », se désole Kogbara.
Au Nigéria, aucune mesure coercitive suffisamment dissuasive n’est mise en place par le gouvernement pour contraindre la compagnie à nettoyer ses rejets dans la nature, ce que déplorent plusieurs organisations de la société civile nigériane. Des millions de dollars ont été annoncés pour lancer des opérations de dépollution, mais rien de concret jusque là. La situation a appauvri et ruiné plusieurs paysans de la localité qui ne savent à quoi s’en tenir entre les regains de pollution et les promesses de nettoyage.
Chaque année, Shell lance le projet « Make The Future » dans le cadre duquel elle invite et encourage les jeunes à proposer des idées susceptibles de changer le monde. Une ironie selon Amnesty International qui déclare « aucune stratégie de communication, aussi habile soit-elle, ne peut cacher la vérité sur la pollution que Shell a générée dans le delta du Niger ».
Avec Agence Ecofin