Le président nigérian Muhammadu Buhari continue sa croisade contre les importations massives de biens et de services qui se traduisent par une pression assez difficile à supporter pour les réserves de changes du pays, déjà mise à mal par la conjoncture économique que traverse la première économie continentale. Après la suspension de l’importation de riz entrée en vigueur depuis le 1er Avril dernier, le gouvernement fédéral nigérian vient de décider de l’interdiction, à compter du 1er janvier prochain, des véhicules neufs ou d’occasions, à partir de ses frontières terrestres. Cette mesure fait suite à « une directive présidentielle restreignant toutes les importations de véhicules aux ports marins nigérians » a expliqué Wale Adeniyi, le porte-parole de l’administration fédérale des douanes (NCS) cité par l’agence nigériane de presse. Les autorités nigérianes ont par conséquent recommandé aux importateurs d’automobiles du pays de profiter du mois qui reste afin de régler la situation de leurs véhicules stockés dans les pays voisins.
« Les importateurs de véhicules à travers les frontières terrestres sont invités à profiter de la période de grâce qui s’étale jusqu’au 31 décembre 2016 pour liquider leurs importations de véhicules débarqués dans les ports voisins ».
Pression sur les réserves de change
Ces restrictions à l’importation en série décidées par le gouvernement fédéral visent à permettre au Nigéria d’atténuer le choc de la grave crise économique que traverse le pays et qui a viré en récession depuis quelques semaines. Il s’agit particulièrement de mettre fin aux importations massives de biens de consommation afin de réduire la pression sur les réserves de change déjà durement impacté par la dépréciation du naira, la monnaie locale. La réduction des importations permettra également et par la même occasion, de donner un coup de pouce à la production agroalimentaire et industrielle locale dans un contexte de diversification de l’économie nationale afin de sortir de la dépendance au pétrole. Toutefois, dans un premier temps, ces restrictions annoncent des zones de turbulences pour les importateurs locaux qui se sont inquiétés depuis quelques temps, de l’impact de ses mesures sur leurs activités. Selon un porte-parole d’un syndicat professionnelle des importateurs de riz, depuis quelques temps, on assiste à une réduction du trafic au niveau des différents ports maritimes nigérians vers ceux des pays voisins qui s’avèrent plus compétitifs.
Répercussions directes sur les pays voisins
C’est pourtant au niveau des pays voisins que ces décisions du gouvernement nigérian vont se traduire par un important manque à gagner, au vue de leur impact sur l’économie locale. Les premiers pays concernés, c’est le Bénin où les opérateurs n’ont pas tardé à demander au gouvernement de prendre les mesures d’accompagnement nécessaires afin d’atténuer l’impact de la crise que vit le géant nigérian. Il faut dire que le port de Cotonou est l’un des premiers pourvoyeurs du marché nigérian en véhicules d’occasions importés pour l’essentiel d’Europe notamment la Belgique mais aussi des Etats-Unis. Au Cameroun aussi, les mêmes répercussions sont attendues au niveau de l’activité portuaire mais aussi pour les opérateurs du secteur puisque le port de Douala aussi tout comme celui de Lomé au Togo sont des passages privilégiés par les importateurs de véhicules nigérians. Même des pays de l’hinterland comme le Niger, par où transit des véhicules débarqués des ports de Cotonou, Abidjan ou Lomé, vont souffrir de cette restrictions des importations nigérianes, le plus gros marché de la sous-région avec ses 180 millions de consommateurs. Au Bénin, les autorités ont annoncés de nouvelles mesures destinées à alléger les taxes pour les importateurs et les gestionnaires de parc de véhicules, mais difficile pour le moment d’en mesurer l’impact sur l’activité. Il faut dire qu’avant même l’entrée en vigueur de ces mesures, la situation économique difficile que traverse le Nigéria s’est lourdement rejaillit sur les pays voisins. Avec des perspectives à court et moyen-terme, qui ne s’annoncent pas du tout reluisantes pour la première économie du continent, l’exercice budgétaire 2017 débutera sous de mauvais auspices. Quand le Nigéria tousse, dit-on, les autres pays voisins de la sous-région s’enrhument. A présent que la maladie du patient est confirmée, on peut aisément imaginer la morosité qui guette ces économies au poids moins important que le géant nigérian
avec latribune