La toute dernière disposition permettant d’enregistrer son entreprise depuis l’étranger sans avoir à venir au Nigeria est emblématique de la forte volonté du pays d’améliorer le climat des affaires.
C’est un secret de Polichinelle. Au Nigeria, il est difficile de faire des affaires. Le pays a beau être en croissance (malgré la crise liée à la baisse du prix du baril qui impacte l’économie du pays depuis plus d’un an, NDLR), les lourdeurs administratives, la sur-réglementation ainsi que la taxation jugée excessive par le gouvernement ont de quoi décourager de nombreux investisseurs. Et comme le Nigeria cherche à générer de nouveaux revenus, la fiscalité est apparue comme le premier levier d’action pour ce faire. Rendant encore plus vivace l’adage « si vous n’êtes pas à la table, vous êtes sur le menu ! » « Last but not least », les coûts d’implantation et d’exploitation au Nigeria sont élevés, sans compter l’insécurité avec notamment les attaques régulières du groupe Boko Haram opérant dans le nord-est du pays. Dans ce contexte, le pays est classé 169e sur 190 pays au classement 2016 Doing Business publié par la Banque mondiale. Résultat : plusieurs entreprises ayant la volonté de s’implanter ont échoué dès la première année, et parfois avant même de démarrer quoi que ce soit. Le marché du Nigeria est très concurrentiel. Les affaires s’y nouent et s’y dénouent très facilement. Il faut donc savoir que si les opportunités sont nombreuses avec ce géant africain de 180 millions d’habitants, les difficultés sont à la mesure.
Faciliter l’implantation des investisseurs étrangers
Pour mettre fin à cette dure réalité qui empêche le pays de constituer un tissu économique robuste, le gouvernement a décidé de prendre les choses en main. Ce 28 septembre, le gouvernement nigérian a pris des dispositions pour permettre aux investisseurs étrangers prévoyant d’investir de faire enregistrer leurs entreprises depuis l’étranger sans avoir à venir au Nigeria. C’est le greffier général de la Commission des affaires d’entreprise (CAC), Bello Muhmud, qui l’annonce à l’occasion d’une présentation officielle de la certification du Service de gestion de qualité (QMS) à Abuja.
“Que vous soyez aux États-Unis, au Royaume-Uni ou en Chine, vous pouvez maintenant enregistrer votre entreprise depuis le pays sans avoir à venir devant la commission ou au Nigeria”, s’est félicité Bello Muhmud. L’obtention des certificats ISO a permis de renforcer la prestation de services de la commission et de faciliter la procédure d’enregistrement des entreprises, a fait valoir le directeur de la CAC. Cette certification a permis de renforcer la croissance de l’économie en termes d’investissements nationaux comme étrangers, a-t-il estimé. Il faut savoir que le Nigeria autorise la propriété d’entreprises 100 % étrangères en dehors du secteur pétrolier et gazier, secteur où l’investissement est limité à des coentreprises ou des accords de partage de production. C’est la Commission des affaires des entreprises(CAC) qui s’occupe d’enregistrer les entreprises désireuses de toucher le vaste marché nigérian. Les États-Unis, la Chine et les Pays-Bas sont les principaux pays investisseurs au Nigeria.
Intensifier les réformes pour un meilleur climat des affaires
Cette annonce intervient alors que le gouvernement s’est lancé dans un chantier de relance économique. Au programme : libéralisation économique en faveur des partenariats public-privé et focus sur des alliances stratégiques avec les entreprises étrangères. Troisième receveur des flux d’IDE d’Afrique avec 5,12 milliards de dollars selon le Bureau national des statistiques, le Nigeria reste un pays très attractif avec une population de 180 millions d’habitants. “La seule chose, c’est que la commission vous enverra votre certificat par la poste, car nous ne faisons pas de certification en ligne jusqu’à présent”, a voulu rassurer M. Muhmud.
“C’est un encouragement pour les gens vivant en dehors du pays qui viennent pour faire des investissements directs ou des affaires au Nigeria”, a-t-il ajouté. Parmi les mesures mises en place par le gouvernement, on note les programmes “d’incitations aux IDE, notamment dans l’agriculture, l’exploitation et l’extraction minière, le pétrole, le gaz, et les secteurs d’exportation. Des incitations fiscales sont accordées aux industries jugées bénéfiques pour le développement économique du pays et intensives en main-d’œuvre (tels que l’habillement) ; et pour les entreprises gazières, des allocations facilitant les investissements en capital et la déduction des intérêts sur les prêts sont prévues.”
Autre cible pour la Commission des affaires des entreprises : le secteur informel. “Dans la base de données CAC, nous n’avons pas plus de cinq millions de sociétés enregistrées au Nigeria”, a informé Bello Muhmud. “Or dans un autre fichier, le SMEDAN, nous avons plus de 39 millions de petites et moyennes entreprises enregistrées. Ce qui signifie que certains d’entre eux ne sont pas enregistrés auprès de la commission.” Avant de conclure qu'”étant donné que notre système est maintenant simplifié, ces personnes seront maintenant encouragées à venir enregistrer leurs entreprises avec la commission.”
Avec lepointafrique