Les réformes économiques et politiques ayant permis à Abuja de sortir son économie de la récession ont été saluées par le FMI. Ce qui n’a pas empêché le Fonds de décrire le tissu économique nigérian comme vulnérable et d’appeler les autorités à la vigilance et à la poursuite des réformes.
« L’économie nigériane sort de la récession mais reste vulnérable », a prévenu le Fonds monétaire international (FMI), dans sa dernière note. Les nouvelles mesures de change, la hausse des prix du pétrole, des rendements attrayants sur les titres publics ou encore l’adoption d’une politique monétaire plus souple ont permis à Abuja d’améliorer les disponibilités en devises et à augmenter les réserves à un niveau jugé record par le FMI, tout en contenant les pressions inflationnistes.
Pronostics mitigés à moyen termes
La croissance nigériane s’est établie à 0,8% en 2017, grâce à la reprise de la production pétrolière, alors que l’inflation a enregistré un ralentissement de 15,4% en glissement annuel à fin décembre dernier, contre 18,5% en 2016. Il n’empêche que ces facteurs n’ont pas réussis à stimuler l’activité non agricole, hors pétrole, à rapprocher l’inflation de la zone cible, à limiter les vulnérabilités du secteur bancaire ni réduire le chômage.
Le FMI a également alerté sur le niveau élevé du déficit budgétaire, suite à la faible mobilisation des recettes, « dans un contexte de financement intérieur encore tendu, a augmenté les rendements obligataires et évincé les crédits du secteur privé », précise la note du FMI. Bien que la hausse des cours du pétrole permette à Abuja de se projeter à court termes, les pronostics à moyen termes indiqueraient une stabilisation de la croissance, conjuguée à une baisse continue du PIB réel par habitant.
Risques équilibrés
Le Nigeria devrait connaitre un relâchement sur les pressions exercées sur les comptes extérieurs et budgétaires, grâce à la stabilisation des cours du pétrole. La croissance devrait atteindre les 2,1% en 2018, toujours grâce à la reprise pétrolière. « Les risques sont équilibrés. La baisse des prix du pétrole et le resserrement des conditions du marché extérieur sont les principaux risques à la baisse. Les risques intérieurs comprennent des tensions sécuritaires accrues, un retard de la politique budgétaire et une faible mise en œuvre des réformes structurelles », prévient le FMI.
Le Fonds a également mis en avant les scénarios de stress qui ont mis en évidence la sensibilité de la dette extérieur et publique, en particulier aux exportations de pétrole et à la dépréciation du naira. La mise en œuvre plus rapide que prévu des projets d’infrastructures pourrait constituer un risque selon les experts du FMI. « Les administrateurs ont souligné que la mise en œuvre des réformes structurelles devrait continuer à jeter les bases d’une économie diversifiée tirée par le secteur privé. Mettre en œuvre le plan de relance du secteur énergétique, investir dans l’infrastructure, accélérer les efforts pour renforcer les initiatives de lutte contre la corruption et la transparence, et actualiser et mettre en œuvre les stratégies d’inclusion financière et de genre restent essentiels », explique la note du FMI.
Le secteur bancaire a également été appelé à la vigilance par le FMI, qui a félicité au passage la contribution de la banque centrale à l’augmentation des fonds propres en stoppant le paiement de dividendes par les banques faibles. Tout en appelant à un regain de vigilance sur la qualité des actifs, les besoins en capital du secteur ou encore concernant l’application stricte des exigences prudentielles.