Coup de tonnerre dans le ciel gouvernemental nigérian ! Le président Muhammadu Buhari vient de prendre la décision de limoger son secrétaire général du gouvernement qui s’était attiré les foudres du Sénat sous le coup d’allégations de malversations financières. Une autre tête du cercle présidentiel, le puissant directeur général des services de renseignements, est tombée. Sa chute intervient après la découverte de grosses coupures de devises nationale et étrangères dans un appartement à Lagos. Les détails.
Devant la gravité des faits, Muhammadu Buhari s’est résolu à mettre sur pied une commission d’enquête dirigée par son vice-président. C’est devenu depuis ce communiqué de la State House, la présidence nigériane, daté du 19 avril, l’affaire qui secoue les milieux politiques et sécuritaires de tout le pays.
Malversations supposées dans des passation de marchés
Le général-président a mis au placard, de façon indéfinie, deux haut-fonctionnaires de son premier cercle. Il s’agit de David Babachir Lawal, le secrétaire-général du gouvernement fédéral et Ayo Oke, le tout-puissant chef de la National Intelligence Agency (NIA), l’agence de renseignements nigériane.
Dans le détail, le secrétaire général du gouvernement essuie depuis cinq mois, une rafale de critiques de sénateurs qui avaient fini par réclamer l’ouverture d’une enquête sur des soupçons de malversations financières dans le cadre de l’Initiative présidentielle pour le nord-est (PINE, acronyme anglais).
L’enquête ordonnée par la State House devra déterminer si David Babachir Lawal a respecté, jusqu’à la parution du communiqué qui l’a fait tomber, les règles de procédures d’attribution et de passation des marchés lorsqu’il pilotait le PINE.
L’homme le plus informé aurait-il trempé les doigts dans le pot de confiture ?
D’un autre côté, c’est un paradoxe qui a valu à Ayo Oke, le désormais ex-puissant chef des services de renseignements, son éjection de son poste, sans parachute. Une semaine avant son limogeage, les services de l’« homme le mieux informé du Nigéria » faisaient un coup de filet qui stupéfait le pays et fait trembler dans les milieux d’affaires.
Grâce à une opération de filature, de surveillance -peut-être même d’infiltration-, la Commission des crimes économiques et financiers (EFCC), l’agence anti-corruption mettait la main, ce 13 avril dernier, sur un pactole de 80 millions de dollars en liquide dans un appartement à Lagos. Le magot, mélange de coupures de livres sterling, de nairas et de dollars, avait été dissimulé dans des sacs fermés. La police a mené un raid dans un appartement du quartier résidentiel d’Osborne à Lagos après avoir suivi un homme déguisé en femme qui transportait de lourds sacs.
Jusque-là, le nom du propriétaire de l’appartement n’a pas fuité. Les spéculations sur l’implication de personnalités du milieu des affaires alimentent la polémique sur l’identité du propriétaire de la maison. L’ex-chef de la NIA a-t-il trempé les doigts dans le pot de confiture ? Trop tôt pour le dire.
Une enquête pour fixer l’opinion
En tout cas le président Buhari qui fait de la lutte contre la corruption son cheval de bataille, a ordonné l’ouverture d’une large enquête pour éclairer les circonstances de cette saisie. A la manœuvre pour piloter les investigations, le vice-président Yemi Osinbajo, qui va endosser ses habits de conseiller national à la sécurité. Il sera épaulé dans enquête par Abubakar Malami, l’intrépide Procureur général et ministre de la Justice.
Mais, le temps presse pour le duo d’enquêteurs. Le président leur donne 14 jours pour présenter un rapport complet sur les deux affaires. A ce moment-là, le voile sera levé sur toutes ces allégations qui défraient la chronique tant au niveau politique que social.
Avec latribune