L’industrie pétrolifère nigériane est paralysée par un mouvement de grève générale qui s’étend également à plusieurs secteurs industriels, notamment celui de l’électricité. Lancée par plusieurs syndicats qui réclament l’amélioration de leurs conditions de travail, la grève arrive au mauvais moment, puisque le pays vient à peine de sortir de la récession dans laquelle il était plongé depuis presque deux ans. Un signe de reprise économique qui revient en grande partie à l’amélioration du secteur pétrolier.
C’est une nouvelle impasse pour le Nigéria. L’industrie pétrolifère, un des principaux secteurs ayant aidé le pays dans sa récente sortie de la récession, risque d’être paralysée par un mouvement de grève générale observé depuis ce lundi 18 septembre. L’appel au débrayage a été lancé, vendredi dernier, par une des principales centrales syndicales du pays, l’ULC, qui avait adressé un ultimatum au gouvernement. Celui-ci a finalement expiré la semaine dernière.
L’United Labor Congress (ULC), une centrale syndicale regroupant une dizaine d’organisations professionnelles des secteurs du pétrole, des télécoms, du gaz, de l’aviation, des banques et de l’énergie, est née d’une récente scission de la principale centrale syndicale du pays, le Nigéria Labour Congress (NLC). La centrale revendique entre autres l’augmentation du salaire minimum de 18 000 à 56 000 nairas (130 euros), l’arrêt du processus de privatisation de la compagnie nationale d’électricité, ainsi que le départ des militaires assurant la sécurité des différents sites pétroliers du pays.
Des revendications que le gouvernement nigérian trouve «fallacieuses» et illégales, comme l’a exprimé le ministre fédéral du Travail, Chris Ngige pour qui «appeler à la grève, en l’absence de conflit social avec les employeurs, est une violation flagrante des dispositions du code du travail et des normes internationales». De plus, les autorités ne considèrent pas l’ULC comme une organisation légale, puisqu’elle n’a toujours pas d’agrément délivré par les autorités.
C’est en tout cas ce qu’a confirmé la présidence nigériane à travers les déclarations, hier dimanche, de Garba Shehu, conseiller en communication du président Muhammadu Buhari, peu après son départ pour New York pour assister à la 72e Assemblée générale ordinaire de l’ONU. Le gouvernement menace d’ailleurs de poursuivre les grévistes en justice et dans une déclaration publique, un haut responsable du ministre du Travail et de l’emploi, Bolaji Adebiyi, a même qualifié l’appel à la grève national de «tentative de sabotage économique».
Les autorités comptent parallèlement sur la division qui règne au sein des travailleurs par rapport à cette grève. Les deux autres centrales syndicales, le Nigerian Labour Congress (NLC) et le Trade Union Congress (TUC) se sont ainsi démarqués du mouvement de grève. Au sein même de l’ULC, le syndicat du secteur bancaire a annoncé qu’il n’est pas en mesure de suivre actuellement le mot d’ordre de la confédération à laquelle il est affilié, même s’il n’envisage pas de rejoindre ultérieurement le mouvement.
Des perspectives stables qui risquent d’être contrariées
La grève nationale risque donc de n’avoir pas l’effet escompté par l’ULC dont le but est clairement affiché, celui de paralyser l’économie du pays et ainsi mettre la pression sur le gouvernement. Malgré cela, son impact n’est pas à négliger au regard des secteurs concernés par cet arrêt de travail dont on ne connait pas encore la durée. Les syndicats de l’industrie du gaz et pétrole ainsi que de l’énergie ont relativement répondu au mot d’ordre.
Avec ces conflits sociaux qui se profilent dans les secteurs clés de l’économie nigériane, les perspectives de reprise de l’économie nigériane risquent de prendre un coup, d’autant plus que le pays vient à peine de sortir de la récession dans laquelle il est plongé, grâce notamment à l’amélioration de la production pétrolière, un secteur qui constitue plus de 70% des recettes de l’Etat.
Vendredi dernier, l’agence de notation Standard & Poor’s a ainsi maintenu la notation du Nigéria à B avec perspectives stables, en s’appuyant justement sur l’amélioration du secteur pétrolier. «La production de pétrole s’est accélérée cette année au Nigéria, alors que les secteurs publics et financiers ont un meilleur accès au financement extérieur», a justifié S&P dans son communiqué.
L’agence ajoute que la perspective «stable» reflète son estimation sur la poursuite de l’amélioration de la contribution du secteur pétrolier à la croissance du pays pour les douze prochains mois. Des perspectives qui risquent d’être contrariées, si la situation actuelle persiste.
Avec latribuneafrique