Le sommet extraordinaire de la CEMAC qui, au départ,ressemblait à une distraction classique pour valider la proclamation démocratiquement imposée de Paul Biya et pour court-circuiter toutes les revendications de l’opposition, s’ est avéré, au final,être une vrai officialisation de la dénonciation de la mission néfaste et périlleuse du président Paul Biya dans la sous-région par la mise à l’index du Cameroun dans la tentative de clochardiser l’Afrique centrale. Au-delà de cette mise en garde, la CEMAC ne doit pas sous-estimer ce redoutable meilleur élève de la France et prendre toutes les dispositions pour éviter à la CEMAC de sombrer comme le Cameroun qui se trouve K.O. debout et qui se demande tous les jours comment il s’est retrouvé dans cette situation.
Au départ, beaucoup d’observateurs de la scène politique Africaine avaient très vite conclu que le sommet de N’Djamena était une pirouette classique pour valider la proclamation démocratiquement imposée de la victoire de Paul Biya et pour court-circuiter toutes les revendications de l’opposition. Mais au final ce qui ressemblait à une distraction s’est avéré être une vrai officialisation de la dénonciationde la mission néfaste et périlleuse du président Paul Biya dans la sous-région par la mise en index du Cameroun dans la tentative de clochardiser l’Afrique centrale. Cela n’est pas une surprise car en effet, le Cameroun de Paul Biya a déployé tout un arsenal pour mettre à genou la CEMAC. On peut citer les APE, le noyautage de la bourse de Douala, la dévaluation programmée du F.CFA et l’imposition des plans d’ajustement structurel du FMI. La surprise viendrait plutôt du fait que cette dénonciation soit officielle et sans ambages. Il faut dire comme nous venons de le mentionner que le gouvernement Camerounais a déjà posé des actes dramatiques pour la région CEMAC tout au long de ces dernières années et qui commencent à agacer sérieusement les autres pays.
On peut citer au rang de ces agacements les réactions des présidents Deby et Obiang qui avait claqué la porte du sommet de Yaoundé quand le président Paul Biya (en compagnie de ses maitres Lagarde et Sapin) les avait invités soit à dévaluer le F.CFA (un suicide) ou embrasser les plans d’ajustement structurel du FMI (un génocide). Ce n’était qu’une partie remise puisque le président Biya, en fin manœuvrier, avait promis à la France une dévaluation après sa reconduction au pouvoir par la France. Il faut donc conclure que si la forfaiture du Conseil Constitutionnel est confirmée, alors la balle sera du côté du président Biya et de son gouvernement car la France et l’Union Européenne auront rempli leur partie du contrat. Voilà donc la CEMAC avertie. Un autre signe d’agacement qui n’est pas passé inaperçu est l’absence des deux jeunes présidents Touadera et Bongo qui ne sont certainement plus amusés par cette soumission du noble néo colon.
Bref, les autres pays de la CEMAC ne savent peut être pas ou ne comprennent peut être pas la démarche du président Paul Biya, mais ce dont ils sont certains c’est qu’ils ne veulent pas ou ne souhaitent pas voir leur pays sombrer comme le Cameroun. Ce souhait ne serait qu’unvœu pieux si la CEMAC ne cerne pas très bien la situation, c’est à dire les motivations, la stratégie et les missions du président Paul Biya que nous allons essayer de décrypter ici.
Les motivations de Paul Biya et de son équipe taillée sur mesure par Paris
La principale motivation du président Paul Biya et de son équipe est simple : Se maintenir au pouvoir non pas pour servir les Camerounais mais pour se servir. Cette condition les oblige à servir les occidentaux c’est à dire à mettre les Camerounais et le Cameroun aux pieds des colons, ce qui leur garantit ou assure la jouissance de quelques retombées qu’ils investissent dans ces pays occidentaux. En pratique, la mise en œuvre des actions pour satisfaire de telles grandes ambitions nécessite une stratégie redoutable.
Une stratégie basée sur le FCFA et l’irresponsabilité absolue
La stratégie du président Paul Biya et de son équipe est aussi simple : Elle s’appuie sur deux piliers qui sont l’irresponsabilité absolue et assumée et le soutien sans faille au F.CFA.
Défense du FCFA :
Le Président Paul BIYA est l’un des plus grands défenseurs du franc CFA, et son soutien inconditionnel et sans faille au maintien de cette monnaie n’est plus à démontrer. Il faut dire que le F.CFA est un élément essentiel de sa stratégie car le président Paul Biya et ses collaborateurs qui sont considérés à juste titre comme les hommes les plus riches du Cameroun (s’il faut toujours citer Titus Edzoa) ont absolument besoin de cette monnaie pour leur assurer la jouissance exclusive des devises et des avoirs du Cameroun et des Camerounais dans une opacité absolue, garantie par la France. Donc il n’y a pas de surprise à les voir à la manœuvre pour manipuler le cours de cette monnaie au service de la France et de l’Europe.
Irresponsabilité absolue, assumée et sans complexe
L’irresponsabilité dans le système Biya n’est pas une légende car le Cameroun est comme un bateau ivre ou les dirigeants n’ont aucune responsabilité de la gestion de l’état, à commencer par le premier citoyen Paul Biya, et cela a tous les étages, au point ou en suivant la chaine de commandement le peuple Camerounais est en définitive responsable de toutes les calamités que nous vivons dans ce pays. Ainsi on a pu entendre des caciques du pouvoir déclarer que les Camerounais:
– tués par le train de Bolloré a Eseka n’avaient qu’à prendre l’ avion.
– qui se font éventrer devant les hôpitaux faute de moyens, n’avaient qu’à ne pas tomber malade.
– avaient obligé le gouvernement Camerounais à signer les APE (noter qu’il semblerait, d’après les soutiens de Paul Biya, que le président Camerounais n’est pas au courant que le Cameroun a signé les APE).
– sont responsables de la guerre au Nord, au Nord-ouest et le sud-ouest
– etc…
On peut ainsi égrainer des exemples à ne plus en finir mais il est fort probable que dans les jours avenirs, sans être un prophète, un communiqué issu de la présidence du Cameroun sera adressé aux Camerounais et aux Africains pour les informer que le Président n’ est pas responsable du fait que les ministres Camerounais présents a N’Djamena souhaitaient non seulement la dévaluation mais aussi l’ application des plans d’ajustement structurel. Et les ministres feront à leur tour un communiqué dans le même sens, et de fil en aiguille le peuple Camerounais va endosser cette fumisterie.
Cette source de motivation diabolique et cette stratégie qui parait simple mais très redoutables ont permis au président Paul Biya de réaliser des missions coloniales que certains (y compris les Français) croyaient impossible, au Cameroun et en Afrique. Commençons par le Cameroun.
La mission de Paul Biya au Cameroun
Le président Paul Biya a soumis le Cameroun et les Camerounais a toutes les formes de travers dont les Camerounais se souviendront pendant des décennies s’ils arrivent à s’en remettre. Ce président:
– est arrivé aux affaires étant très jeune mais il rend la vie misérable a la jeunesse.
– a hérité d’un pays riche qu’il a transformé en pays pauvre très endetté (PPTE)
– a transformé un pays dynamique en un pays immobile et un peuple d’intellectuels et de palabre en une horde de zombie dont le raisonnement laisse sans voix les observateurs non avertis.
– a imposé la corruption et la violence comme uniques moyens de gouvernance et de communication au Cameroun.
– A fait de la division de sa population sur des bases ethniques son modèle néocolonial de dictature.
– Etc…
Ce bilan cataclysmique pour le Cameroun est une performance exceptionnelle pour la France qui l’a non seulement saluée mais s’est mise en tête de promouvoir dans d’autres pays en Afrique et en Europe. Ainsi la France a conseillé à l’Union Européenne de confier au Cameroun la mise à sac de la zone CEMAC. Les membres de l’Union Européenneétaientstupéfaitsd’apprendre que la contrepartie exigée par le Cameroun était tout simplement le maintien du président Paul Biya au pouvoir. Notez que l’Union Européenne a rempli son contrat en n’envoyant aucun observateur lors des électionsprésidentielles au Cameroun. La question que l’on peut se poser est de savoir si la CEMAC, qui est bien consciente de la situation, va mettre en œuvre toutes les actions pour casser les grandes ambitions du président Paul Biya.
La nouvelle mission de Paul Biya pour la CEMAC
La phase accélérée de la mission du président Paul Biya pour casser la zone CEMAC a commencé au sommet extraordinaire des chefs d’État de la CEMAC de décembre 2016 à Yaoundé. Ce fut également une première rafale d’échecs avec la réactionviolente des présidents Deby et Obiang. Cette réunion a été soldée par une série de 21 résolutions. De ces 21 résolutions, le président Camerounais et son équipe travaillent sur deux résolutions particulières:
Résolution 1: Non réajustement de la parité monétaire actuelle.
Résolution 13: Ouvrir et conclure des négociations bilatérales avec les FMI pour structurer une sortie de crise.
Ces deux résolutions à elles seules suffisent pour faire tomber la CEMAC, c’est ce qui explique la position controversée et contradictoire des ministres Camerounais au dernier sommet extraordinaire des chefs d’État de la CEMAC de Octobre 2018 à N’Djamena. Ce sera également une deuxième rafale d’échecs avec la réaction violente des présidents Sassou et Obiang (encore lui) qui ont pris la responsabilité de chasser les ministres Camerounais.
Il faut souligner que le président Camerounais est très confiant dans la réalisation de cette grande ambition que lui a confiée l’Union Européenne. Cette confiance repose sur un travail en profondeur qui s’appuie sur 4 piliers:
1- La paralysie des échanges dans la zone CEMAC : Le noyautage de la Bourse nationale des valeurs mobilières du Cameroun, la Douala Stock Exchange a forcé les états de la sous-région à la création d’une Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale, dont le siège se trouve à Libreville. la coexistence de deux marchés financiers concurrentiels dans leur espace communautaire. Ce, malgré l’étroitesse du marché.
2- La neutralisation de tout tissu industriel en zone CEMAC: Les APE qui permettent aux multinationales Européennes installées en zone CEMAC de rapatrier gratuitement les meilleurs produits Africains en Europe et aux multinationales Européennes installées en Europe d’inonder nos marches de produits européens de mauvaises qualités, réduisant ainsi à zéro toute chance de développer une industrialisation locale. C’est comme si le président Paul Biya n’était pas content de ce qu’essayent de faire les présidents Obiang et Bongo. La réaction de certain pays de la CEMAC a été sans appel : fermeture des frontières.
3- Application des pays CEMAC du plan d’ajustement structurelle du FMI par solidarité avec le Cameroun: C’est étonnant de constater que les journalistes Camerounais se gardent bien d’informer les Camerounais que le Cameroun est à nouveau sous le contrôle du FMI. Une réalité dure que les Camerounais perçoivent progressivement. Le président Paul Biya compte donc sur la solidarité prônée en Zone CEMAC pour obliger les autres pays à adhérer au plan du FMI comme le Cameroun. Sur cet angle certains pays lui ont encore dit NON.
4- La dévaluation programmée du FCFA : C’est la dernière arme que détient le président Camerounais et cette arme est d’ autant plus redoutable que cette monnaie appartient à son maitre, la France, qui peut dans une gymnastique bien huilée rendre cette opération inévitable. En réalité, le président Camerounais n’a aucune coudée franche sur cette opération mais la France et le FMI laissent les sous-fifres Camerounais user de ce chantage pour atteindre d’autres objectifs. Rappelons qu’à ce sujet certains pays ont déjà clarifié qu’une telle éventualité entrainera leur sortie de la zone CFA. Le torchon brûle !
Conclusion:
Les états et les peuples de la CEMAC ont certes pris la mesure de la situation et il ne reste plus qu’à espérer qu’ils vont stopper ce gouvernement dans sa démarche insensée en prenant des mesures draconiennes, rigoureuses et non discutables contre le président Paul Biya qui revendique le titre incontesté du meilleur élève de Paris. Autrement dit, il ne faudra pas reproduire l’erreur des Camerounais qui ont toujours sous-estimé la détermination de ce gouvernement d’incapables à mettre le Cameroun en coupe rangée au profit des occidentaux. L’ardoise est très salée pour le Cameroun et les Camerounais.
Source: Cameroonvoice.com