En visite officielle aux États-Unis du 6 au 8 juin dernier, le Premier ministre indien Narendra Modi poursuit sa stratégie pour entrer dans le Groupe des Fournisseurs Nucléaires (GFN) malgré le véto chinois.
“Nos pays ont des histoires, des cultures et des croyances différentes, mais notre engagement pour la démocratie et la liberté est le même”, a déclaré Modi, lors d’une session spéciale devant les deux chambres du Congrès américain, rappelant la relation amicale qu’entretiennent “la plus vieille” et “la plus grande” démocraties du monde. Sa quatrième visite depuis le début de son mandat en mai 2014, Modi a discuté avec Obama des questions nucléaire, environnementale et de défense.
Opposition de la Chine, partenaire du Pakistan
Depuis 2008, l’Inde fait pression pour entrer dans le Groupe des Fournisseurs Nucléaires (GFN) qui compte 45 pays membres. Ce groupe a pour objectif de limiter la prolifération du nucléaire en contrôlant le commerce de matériels, d’équipements et de technologies utilisés pour fabriquer des armes nucléaires.
Depuis près de deux ans, Les États-Unis et l’Inde travaillent ensemble sur la sécurité nucléaire et des initiatives anti-terroristes. Pour Washington, l’entrée de l’Inde est indispensable dans le cadre de son développement et pour avoir accès aux dernières technologies. Surtout depuis les discussions entamées sur la construction en Inde d’une centrale nucléaire par Westinghouse, un des principaux acteurs américains dans le secteur.
L’Inde a aussi le soutien du Mexique et de la Suisse. New Delhi, a par ailleurs, déjà développé des armes atomiques sans avoir signé le traité de non-prolifération nucléaire.
Parmi ses opposants, la Chine se place en tête suivie par la Nouvelle-Zélande, l’Irlande, la Turquie, l’Afrique du Sud et l’Autriche. Ces derniers estiment que les efforts réalisés jusqu’à présent pour contrôler la prolifération seront mis à mal et risquent d’envenimer les relations avec le Pakistan.
La Chine estime que si l’Inde devient membre de ce club très prisé, le Pakistan lui aussi devra être intégré. Le vote sur l’entrée de l’Inde au GFN se tiendra le 20 juin prochain lors d’une plénière qui réunira les membres à Séoul en Corée du Sud.
Deux grands pollueurs
Les deux géants ont également évoqué les problèmes de climat et d’énergie auxquels ils font face. Dans la lignée de l’accord signé à Paris, le 12 décembre 2015, à l’issue de la COP 21, les deux pays souhaitent adopter une politique similaire dans la lutte contre le réchauffement climatique. Ils ont affirmé vouloir ratifier cet accord dès la fin de l’année. Côté défense, depuis avril les deux pays collaborent ensemble sur des bases aériennes et navales, notamment dans le cadre de leur stratégie commune pour contrer l’expansion chinoise sur l’ensemble du plateau asiatique.
Relancer l’économie indienne ?
“On estime qu’il y aurait plus d’Américains qui pratiquent le yoga qui ne jouent au baseball. Pourtant, nous n’avons pas encore réclamé notre droit de propriété intellectuelle sur le yoga !”, a déclaré Modi avec humour lors de son discours au Congrès américain. Le commerce bilatéral entre les deux pays a augmenté depuis ces dernières années : il est passé de 48.8 milliards de dollars en 2010 à 65.3 milliards de dollars en 2015, une croissance annuelle de 7% malgré la crise économique. Face au ralentissement des investissements en Inde, Modi a profité de sa visite pour renégocier avec les grands groupes industriels américains tels que Pepsi Cola, Boeing et General Electric pour faciliter leur développement dans le pays.
Pour marquer cette visite, Les États-Unis ont aussi rendu à l’Inde 200 statues, d’une valeur de 100 millions de dollars, dérobés par un marchand indien basé à New York, il y a neuf ans.
Le futur des relations indo-américaines dépendra pour beaucoup des prochaines élections aux Etats-Unis ; lors de sa visite, Narendra Modi n’a rencontré ni Hillary Clinton, ni Donald Trump, les principaux candidats à la Maison-Blanche.
avec mediaindia